Un conseil du gouvernement malgache de crise s’est tenu ce jeudi matin à Tananarive après le passage de l’ex-cyclone Enawo sur une grande partie du pays. Le gouvernement réitère ses appels au calme et envisage de déclarer l’état d’urgence alors que les bilans provisoires permettent de prendre la mesure de l’état de catastrophe dans lequel se trouvent de nombreuses régions.
Le denier bilan humain connu fait état de six morts dont 3 enfants emportés par les eaux et un jeune homme enseveli la nuit dernière par un éboulement. Le nombre de sinistrés ne cesse d’augmenter. Il est déjà de 12.320 dont 900 dans les bas-quartiers de la capitale Antananarivo pourtant impactée bien moins sévèrement que les régions du nord-est.
Les équipes du bureau malgache de gestion des catastrophes devaient survoler les districts isolés après le passage du cyclone alors que, peu à peu, la liste des dégâts s’allonge. La ville côtière d’Antalaha, la première impactée par Enawo avec des vents à 290km/h, est détruite à 100%, selon la presse malgache. Les habitations, les bureaux de l’administration et les champs ont été complètement ravagés. Sur plusieurs kilomètres, les habitants indiquent que la côte est jonchée de bois et d’animaux morts.
Des crues massives
Dans toutes les régions touchées, y compris celle de la capitale, les crues sont massives, des portions de routes emportées, des ponts abîmés, des retenues et barrages fragilisés. Les médias malgaches indiquent que le niveau de certaines rivières est monté de plus de 2 mètres durant les dernières 24 heures.
Sur l’île de Sainte-Marie, cette montée des eaux qui se poursuivait ce jeudi matin s’ajoutait aux destructions de maisons et aux arbres arrachées qui barrent les routes empêchant toute circulation.
Dans la plupart de ces zones, l’électricité est coupée, y compris à Diego Suarez depuis mardi après-midi, pour cause de destruction du réseau ou de perturbations de l’approvisionnement en carburant des centrales et de problèmes sur les barrages causés par des déchets apportés par les eaux. Hier mercredi soir, les équipes de l’opérateur Orange travaillaient pour rétablir progressivement les accès à internet eux aussi impactés et permettre aux habitants de communiquer et d’envoyer des nouvelles.
Le transport aérien est encore en grande partie paralysé.
Tensions sur les prix
A Nosy Be, pourtant à l’écart des pires effets du cyclone, des pluies diluviennes ont provoqué la crue des rivières et des lacs. Ici aussi, on ne compte plus les arbres arrachés, le réseau électrique est endommagé, certaines plages érodées par une mer déchaînée.
Dans les commerces, les prix de certains produits, dont ceux de première nécessité comme le riz,
commençaient déjà à flamber ce jeudi dans de nombreuses villes comme par exemple sur l’île de Nosy Be.
Chaque ministère a commencé à faire ses comptes. Celui de l’Education nationale malgache recense 65 salles de classes détruites, 50 autres très endommagées, 54 «décoiffées», deux écoles totalement ravagées et 11 inondées. Logiquement, la rentrée des universités prévue ce vendredi est reportée.
Ne pas baisser les bras
Le Premier ministre s’est rendu dans un centre d’accueil pour soutenir les sinistrés. Il a affirmé que le plan catastrophe mis en place l’an dernier et les différents exercices de simulation effectués aident l’organisation et les équipes sur le terrain. Des matériels de premiers secours, des produits alimentaires, des tentes et des vedettes rapides avaient été prépositionnés dans les districts à risque de passage de cyclone, a-t-il indiqué. Plus de 500 volontaires de la Croix-Rouge sont également mobilisés dans toute l’île pour venir en aide aux sinistrés. Le Président de l’Assemblée nationale a adressé un message de soutien aux habitants leur demandant de ne pas baisser les bras.
Déjà, une mobilisation internationale se met en place. 70 pompiers réunionnais devraient être déployés à Madagascar dans les prochains jours et 4 tonnes de matériels sont prêts à partir. «L’Union Européenne est prête à aider», a fait savoir le commissaire européen à l’aide humanitaire et à la réaction aux crises, Chrístos Stylianídis.
Ce jeudi matin, les régions du nord-est sont passées en alerte bleue «post-passage cyclonique». Ceest également le cas de la capitale. La plaine d’Antananarivo reste en revanche en alerte rouge inondation, les eaux continuant à monter pendant au moins les prochaines 12 heures.
Le système Enawo poursuit sa descente vers le sud de Madagascar et continue de s’affaiblir. Il est désormais accompagné d’un vent moyen de 40 à 45km/h, et de rafales de 50 à 60km/h. De fortes pluies étaient encore enregistrées ce matin dans les zones éloignées du centre.
RR
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