Il en a fallu du temps pour que celui qui était qualifié de « quartier de la honte », renaisse de ses cendres : 8 ans, à coup de rallonge budgétaire et de négociation sur le foncier. Et encore, tout n’est pas bouclé à M’gombani, « il reste encore à terminer les équipements et les espaces publics », expliquait Nathalie Deloriol, Direction du service Rénovation urbaine à la mairie de Mamoudzou. Et la Maison des Jeunes n’est pas encore achevée.
La 1ère action de l’Agence nationale de Rénovation urbaine (ANRU), qui a évolué ensuite en Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain (NPRU), a eu du mal à aboutir, l’investissement final se monte à 47 millions d’euros, dont 5,2 M€ du conseil départemental, et 4 M€ de la ville de Mamoudzou.
L’insalubrité, les routes en mauvais état, l’assainissement inadapté, et l’habitat en tôle, en faisait un quartier où personne n’avait envie de s’aventurer. Désormais, ce sont des immeubles qui s’élancent autour du collège, des logements en location sociale. « A qui ont été destinés ces appartements ? », questionnait Hélène Geoffroy. « Nous avons relogé les personnes ‘décasées’ de leur habitat en tôle’ », lui répondait Nathalie Deloriol.
« L’Elégance Mahoraise » redore l’image du quartier
Le quartier a évolué en plusieurs étapes, et mais les coutumes Mahoraises n’ont pas toutes été mises de côté. Les immeubles à plusieurs étages sortent donc peu à peu de terre à Mayotte où la densité les impose. Mais celui qui a été baptisé « Gémini » a été conçu autour d’une cour intérieure, « pour que les habitants échangent entre eux, et nous leur avons laissé un petit bout de jardin pour qu’ils plantent ce qu’ils veulent », explique Fatima Siddi, qui a suivi le projet. Les deux mosquées ont été conservées.
En bas, on trouve même déjà une boutique de vêtement « Elégance Mahoraise ». « Si j’avais le temps, je ferais bien des essayages ! », lançait Hélène Geoffroy à la propriétaire du magasin, originaire de M’gombani, « votre présence est la preuve que vous croyez à ce quartier. »
L’accès au quartier se fait par une route non bitumée, en raison de la pénurie d’eau et de l’interdiction de l’utiliser pour les chantiers.
Après l’ex-« quartier de la honte », c’est vers Kawéni, que le maire de Mamoudzou Majani Mohamed qualifiait de plus grand bidonville de France, que la Secrétaire d’Etat à la Ville se dirigeait.
« Assainir le bidonville de Kawéni en innovant »
Le quartier concentre 26% de la population de la commune, et 65% des habitants ont moins de 25 ans. Le revenu moyen par ménage est de 5.434 euros par an. Kawéni où l’on parlait aussi de renouvellement de la politique de l’habitat, qui est constitué pour l’instant à 84% de maisons en tôle, mais aussi de mixité sociale, autant de difficultés en rajoutant le foncier, à maîtriser, mais aussi de potentiel naturel intéressant, « avec sa mangrove, ses ravines et ses rivières. » Un protocole signé en juin dernier alloue 1,02 million pour l’ingénierie.
Etant donné l’état du quartier, l’objectif numéro 1 est « d’assainir le bidonville », expliquait Nathalie Deloriol, « et il va falloir résorber en innovant. » L’auto-construction est un des biais intéressant, privilégiée par la population locale, mais qui doit répondre aux normes de sécurité et de salubrité.
Le programme ne prévoit pas de passage au quartier NPRU de Majicavo Dubaï (Koungou), « je n’avais pas le temps de tout voir », glisse la Secrétaire d’Etat qui doit visiter demain le quartier de La Vigie (Petite Terre), inscrit comme prioritaire à la Rénovation urbaine, pour partir ensuite vers le nord et découvrir la régie de quartier d’Acoua, et ensuite, la politique de la ville et le conseil citoyens mis en place à Poroani.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte