Trophées Mahorais de l’Entreprise : Les chefs d’entreprises trop rarement mis en valeur

0
651
L'ensemble des lauréats
L’ensemble des lauréats

C’est la désormais traditionnelle soirée Trophées Mahorais de l’Entreprise portée par la Somapresse (Mayotte hebdo, Flash Infos) depuis 2012. Laurent Canavate, son directeur, expliquait vouloir « encourager ceux qui se battent au quotidien pour maintenir des emplois. » Certains sont soutenus par leur maison mère, d’autres ont mis tous leurs fonds propres, ce qui demanderait sans doute deux classements différents.

Une soirée organisée grâce à l’accompagnement des partenaires de Somapresse, la banque BFC, le conseil départemental, le Syndicat des Eaux (Sieam) et la Société Immobilière de Mayotte (SIM).

La piscine du Koropa s’était drapée de sa tenue de soirée, pour accueillir les 6 lauréats des catégories retenues, accueillis par la voix envoutante d’Anly Bedja.

Le Trophée de l’entreprise citoyenne était remis à MAP, Maore Assainissement Propreté (vidange des fosses septiques), de Tanchiki Maore, par la Secrétaire d’Etat Hélène Geoffroy en personne, après sa visite des quartiers en rénovation. Ce qui a valu le premier fou-rire de la soirée, lorsqu’elle s’enquérait du domaine d’activité de l’entreprise. C’est dans le pur style Tanchiki Maoré qu’il répondait : « Vous voyez les petits fours que vous mangez, et bien je m’occupe de ce qui se passe après ! »

Mayotte à 360° dans le Train des Outre-mer

Tanchiki Maore, fier de son prix. Ici, aux côtés de Carla Baltus
Tanchiki Maore, fier de son prix. Ici, aux côtés de Carla Baltus

En 8 ans, Tanchiki Maore a créé 82 emplois, « et j’ai investi pour élargir mon panel d’activité sans attendre de savoir si un fonds européen pouvait m’y aider. » Il vient de racheter des parts de l’hôtel Trévani où il organise des concerts dont le bénéficie va aux clubs de sport de la commune de Koungou.

Vous vous souvenez du train des Outre-mer qui a sillonné la métropole de Lille à Brest en passant par Marseille à l’automne ? Un wagon par territoire ultramarin, pour exposer leurs richesses. Notre lagon s’affichait dans une lunette en film panorama 360°, comme si vous y étiez. C’est l’œuvre d’Austral 360 qui a donc reçu le prix de l’entreprise innovante. Denis Liger et Patrice Roux expliquent leur démarche : « Nous avons voulu ‘téléporter’ les visiteurs du train dans le lagon depuis la métropole. C’est une technologie récente au niveau mondial, et Mayotte était leader dans ce domaine au sein du Train des Outre-mer. »

Depuis 1996 la MIM, Maintenance Industrielle Mahoraise, existe dans le paysage des engins de levages mahorais, exportée depuis La Réunion. Elle a reçu samedi soir le prix de l’Entreprise dynamique, remis à son directeur Norbert Martinez : « Je suis très ému. Nous avons franchi le cap des 11 millions d’euros de chiffre d’affaires, pour 38 salariés. C’est le fruit d’une stratégie constante d’innovation et d’investissement. »

Les difficultés de l’économie circulaire

Norbert Martinez en agréable compagnie
Norbert Martinez en agréable compagnie

Grande émotion aussi chez Moïse Issoufali qui recevait le prix spécial du Jury, en le dédiant à ses parents : « La ligne Réunion-Mayotte, c’était eux il y a 40 ans. La famille est implantée ici depuis 1805. » Les antennes Air Austral se déclinent maintenant sur 3 sites, puisqu’en plus du siège historique à Dzaoudzi et de la place de l’Ancien marché, le centre commercial Jumbo score de Majicavo en accueille une. Quant à l’arrivée de la concurrence régionale et internationale, il ne se dit pas inquiet, « au moins, nous ne serons plus accusé de profiter d’une situation de monopole ! »

Parmi les 5 jeunes entreprises nommées, c’est BIG Réparation* qui emportait le prix. Hazali Chouanybou a une la bonne idée de récupérer les gros déchets ménagers, de les réparer et de les proposer à la vente, « parfois je les donne. » Un travail d’Economie circulaire qui entre dans la tendance actuelle, mais qui doit encore convaincre : « Les gens doivent avoir confiance dans le travail que je fais. Il faut beaucoup travailler sur la relation clientèle. »

« Impossible n’est pas une fatalité »

Dans le même esprit, le Trophée de l’Entreprise sociale et solidaire allait à Tifaki Hazi, qui propose de l’aide à domicile et met à disposition du personnel. Madi Souffou Daniel, le Responsable administratif et financier, se réjouit de ce prix : « Nous avons maintenant 8 salariés permanent, et accompagnons environ 300 personnes chaque année vers l’insertion, avec une soixantaine de sorties dynamiques en emplois durables. »

Hazali Chouanybou pour BIG Réparation
Hazali Chouanybou pour BIG Réparation

Et le manger de l’année est… roulement de tambour avant que Yacine Chouabia n’arrive sur le tapis rouge, récompensé pour sa diversification hors des activités classiques d’Electricité de Mayotte (EDM), en suivant sa ligne d’entreprise citoyenne : « C’est la récompense de notre implication auprès des mairies en faveur de la maitrise de l’énergie et de la mise en place de l’éclairage public solaire, de la rénovation thermique des écoles. » Il a aussi donné un second souffle au Club des Jeunes dirigeants d’Entreprises local.

Lors de son discours, très ému, il résumait la tâche du chef d’entreprise : « Manager tout seul ne sert à rien, c’est un travail collectif. » Et reprenait une citation sportive du boxeur Mohamed Ali, grand défenseur des droits des noirs-américains : « Impossible n’est rien qu’une excuse avancée par ceux qui trouvent plus facile de vivre dans le monde qui leur a été légué plutôt que de chercher en eux la force de le changer. Impossible n’est pas un fait, c’est une opinion. Impossible n’est pas une fatalité, c’est un défi. Impossible est provisoire. Impossible n’est rien. »

Denis Liger et Patrice Roux
Denis Liger et Patrice Roux, des idées plein la tête

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

* BIG Réparation 0639 04 06 27

Moïse Issoufali ému de recevoir ce prix
Moïse Issoufali ému de recevoir ce prix

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here