On peut dire que les officiels présents dans l’amphi de Dembéni étaient en grande majorité toutes griffes dehors, le poil hérissé. Avec ce projet, beaucoup craignent une main mise de La Réunion au détriment de Mayotte… A l’image d’autres structures régionales Océan Indien. Anrifa Combo, la présidente du CUFR, ancre en préambule de son discours, la territorialité du Centre universitaire de Recherche et de Formation (CUFR) de Mayotte : « Madame la ministre, appuyez nos engagements pour la construction d’un Campus universitaire, dont nous attendons une délibération par la mairie. »
La crainte est de voir basculer la direction régionale vers l’île de naissance d’Ericka Bareigts, et que les infrastructures y voient le jour : « Il n’est pas question de construire à La Réunion des bâtiments dont Mayotte aurait besoin », affirme la ministre interrogée par les médias, « d’ailleurs le Contrat de projet prévoit la construction d’un Campus. » Deux terrains auraient été repérés dans la commune de Dembéni.
Tout en rajoutant plus tard, « en matière de mutualisation des moyens humains et financiers, c’est l’étude qui devra le préciser. »
Quel type de rapprochement ?
Le projet remonte aux années 2000, abandonné, puis relancé récemment, « nous attendons l’étude menée par Luc Hallade, l’ambassadeur délégué à la coopération régionale dans l’océan Indien, pour le mois d’avril. »
La ministre voit dans la création d’une Université de l’Océan Indien une coopération régionale qui boosterait les réseaux et les échanges internationaux : « Les mahorais pourraient partir en stage à Maurice, aux Seychelles, et plus loin, en Afrique Australe ou en Chine. » Un schéma qui respecterait les identités, « La Réunion et Mayotte seraient partenaires académiques et intellectuels.
Aurélien Siri, le Directeur du CUFR, n’est pas du tout rassuré : « Tout est encore très flou. S’agit-il d’un rapprochement administratif ? Ce qui paraît compliqué à 1.500 km de distance. La ministre ne semble pas le voir comme ça, et tient un discours positif pour les étudiants, d’échanges régionaux de type Erasmus. S’agit-il d’une université numérique, avec rapprochement des contenus pédagogiques ? On le pratique déjà en matière de recherche. » L’ère est aux rapprochements universitaires en métropole, souligne-t-il.
Mayotte doit encore mener ses propres projets
L’universitaire chercheur espère surtout être sollicité par Luc Halade lors de son enquête préalable au projet. Mayotte et ses 1.053 étudiants, n’est encore qu’embryonnaire, « ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Agrandissons notre structure, consolidons-la en élargissant les filières universitaires et en créant un CROUS, et ensuite, envisageons une collaboration. »
Notre petit centre universitaire continue de faire pousser les compétences en ses murs, avec des Bac+3 désormais délivrés pour toutes les filières, et va se doter à la prochaine rentrée d’un premier Master dans les métiers de l’éducation et de la Formation.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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