Il est seul à avoir été interpellé parmi les 7 individus qui avaient sévi ce soir de juin 2016. Et même pas peur, puisqu’ils avaient pénétré dans l’enceinte de la brigade de gendarmerie de Mtsamboro. Pendant sa garde à vue, et face aux enquêteurs, B.A. n’avait pas été très loquace. Il faut dire que, même à la barre, on proposait à ce congolais qui ne parle pas très bien français, une traduction… en shimaoré.
C’est le président du tribunal de Grande Instance Laurent Sabatier qui préside l’audience : « Vous cherchiez quoi en entrant au sein d’une brigade où tous vos gestes ont été enregistrés par les caméras ? » Le prévenu explique en peu de mots, avoir voulu jeter un coup d’œil. « Mais pour voler des documents d’identité, une montre, une télécommande, une carte bleue, un chéquier, un porte-monnaie, un sac à main Longchamp, des lunettes de soleil ou une caméra Toshiba, pas la peine de prendre ce risque insensé de cambrioler des gendarmes ?! Et à 7 ! ».
Le juge poursuit un interrogatoire serré, « on vous a vu tenter d’entrer dans le garage. Ce n’était pas pour voler les moteurs saisis qui s’y trouvaient plutôt ? » B.A. finit par reconnaître, « oui, nous voulions les moteurs ». Quant à leur destination, « pour aller pêcher », le tribunal n’en croit pas un mot, « c’était forcément pour les revendre. »
L’homme n’a pas de casier judiciaire, mais est arrivé dans la salle d’audience menottes aux poignets. Il est en détention provisoire dans une autre affaire, de vol avec violence sur personne représentant l’autorité publique. « C’est ma vie, je suis en souffrance », tente d’expliquer l’homme qui est en situation irrégulière sur le territoire.
Le couple victime du cambriolage vient à la barre, pour évoquer la peur qui règne désormais au domicile le soir, « surtout que je suis en service de nuit », précise le gendarme, qui rajoute que ses deux enfants sont marqués. Ils ne comptent pas demander de réparation du préjudice, « pour les biens, l’assurance a fonctionné, pour le préjudice moral, il ne paiera pas de toute façon ! »…
B.A. demande à repartir au Congo
« Vous ne pouvez pas dire ‘c’est la vie’, là, vous avez fait d’eux des victimes », lance le juge qui tente la pédagogie. « Nous ne sommes jamais revenus », répond-il sobrement.
Pour la substitut du procureur Laurence Prampart, c’est presque la chronique ordinaire des cambriolages à Mayotte, « à ceci prés, que les limites sont repoussées par les cambrioleurs en s’attaquant à une brigade de gendarmerie. Quelle est la prochaine étape ? »
Bien que son casier soit vierge, étant en attente de jugement, le parquet requiert de la prison ferme, « un an avec mandat de dépôt parce que la population n’en peut plus de ces cambriolages. »
A la barre, il explique vouloir repartir au Congo Kinshasa. Il sera condamné à un an de prison ferme avec mandat de dépôt, « une peine qui tient compte de votre reconnaissance des faits. »
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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