La mairie de Mamoudzou veut faire du social mais pas n’importe comment. Pour faire vivre son Centre communal d’action sociale (CCAS), elle veut se caler au plus près des besoins réels des habitants. Elle a donc confié au cabinet Compas le soin de mener une vaste analyse des besoins sociaux (ABS) pour «mettre en place une réelle politique sociale et mieux accompagner les foyers».
Le séminaire de restitution de cette ABS, organisé hier jeudi à l’Hôtel de ville, était très éclairant des défis qui se posent à la commune. Avec 2.000 habitants supplémentaires chaque année parmi lesquels 400 enfants, la commune est pressée d’agir, d’autant que sa population est constituée pour 62% de moins de 25 ans… Des jeunes qui sont au chômage à 72%!
«Pour un CCAS, il est essentiel de commencer par cette ABS, parce que c’est sur cette base que vous allez appuyer votre politique publique et donc votre politique sociale», explique Mohamed Moinjié, le 2e adjoint au maire. «Dans notre commune l’action sociale est complexe car tout est urgence et les difficultés sociales sont très nombreuses. Face à une politique nationale décalée au regard de nos réalités, nous devons innover, inventer afin de faire face aux besoins. Nous ne devons pas mener à Mamoudzou les actions sociales mise en œuvre dans les communes de l’hexagone».
Les besoins et les attentes
Cette ABS s’est appuyée sur les données statistiques disponibles mais aussi sur un dialogue avec les acteurs sociaux et des échanges avec les habitants. Les personnes enquêtées en octobre dernier ont permis de définir quatre besoins prioritaires: La sécurité , le soutien auprès des parents dans l’éducation de leurs enfants, un accompagnement pour les enfants dans leur réussite scolaire, le soutien aux jeunes.
Viennent ensuite l’accès à l’emploi, le soutien aux personnes handicapées et l’accès à la santé. Enfin, de façon moins prégnante, on trouve l’accès aux droits, le logement, l’aide alimentaire et enfin le vieillissement, les loisirs et… les transports qui arrivent bon dernier en termes de préoccupation.
Lorsque les personnes interrogées réfléchissent sur les domaines sur lesquels un Centre communal d’action sociale pourrait les aider, elles placent dans l’ordre l’emploi, la sécurité, la réussite scolaire, la jeunesse et le soutien aux parents.
Deux priorités
Découlant de ces informations, logiquement, la commune a fait le choix de deux priorités pour son CCAS: La première est la petite enfance qui englobe aussi la parentalité et la place des familles. La seconde est la jeunesse, avec des besoins particulièrement forts en matière de formation, d’emploi et de mobilité.
Les priorités étant posées, il va maintenant falloir les décliner en actions concrètes. Six pistes sont déjà définies, même si elles restent à affiner: Le développement des maisons d’assistantes maternelles, la multiplication des modes de gardes collectifs, le recensement des offres de stages, la maîtrise des savoirs fondamentaux (Lire/Ecrire/Compter) et la prévention des grossesses précoces.
La complémentarité
«Comme dit le Proverbe chinois: ‘Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson’. Il nous faut accompagner ceux qui osent, ceux qui créent du lien social et qui sont en constante recherche de réponses pour les plus démunis», précise Mohamed Moindjié. «Nous voulons que le CCAS devienne un espace d’expérimentation avec des projets innovants, associer les habitants, impliquer les partenaires et mobiliser l’ensemble des services municipaux».
La feuille de route est encore loin d’être bouclée. Elle va être mise en débat et modelée tout au long de l’année. Elle va aussi s’attacher à ne pas faire doublon avec la politique sociale du Conseil départemental qui se développe. Issa Issa-Abdou, le 4e vice-président du département, était d’ailleurs venu assister à cette restitution, ravi que cette analyse vienne combler le manque d’informations essentielles pour construire une politique cohérente.
Car les moyens n’étant pas extensibles à l’infini, chaque institution va devoir apprendre mener des actions complémentaires sans oublier aucun intervenant, ni la Caisse des écoles, ni les acteurs de la réussite éducative… «Innovant», il va effectivement falloir l’être. Concret aussi. On attend maintenant les réalisations qui vont découler de ce travail sérieux.
RR
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