Les habitants du quartier de Tsiadana à Tananarive décrivent tous le même bruit dans la presse malgache: celui d’un projectile venu de nulle part qui s’écrase sur une maison. «Vers 15h15, nous avons vu un objet volant déchirant le ciel, dans un sifflement inhabituel. Ce n’est que quelques minutes après que le pire s’est produit. Un bout de métal coniforme s’est abattu sur la maison et une forte odeur de poudre a été sentie dans tout le bâtiment».
Les mots sont ceux du malheureux propriétaire de la bâtisse détruite. Le météore a traversé la maison de part en part, faisant un gros trou dans le toit et soufflant un pan de mur. Une mère de famille qui était à l’intérieur a reçu un débris sur la tête, «causant une vilaine blessure», racontent nos confrères de Midi-Madagasikara.
Mais les habitants du quartier sont allés de surprise en surprise. Quelques minutes plus tard, une escouade d’hommes en treillis arrive sur place pour constater les dégâts causés par l’événement. Aux riverains, ils ne donnent aucune explication, laissant seulement entendre que l’armée pourrait prendre en charge les blessés. La chose étant parfaitement inhabituelle, elle laissait supposer que l’armée pouvait avoir quelques responsabilités dans la chute de cet OVNI.
Les doutes ont été levés un peu plus tard lorsque le service de communication des armées malgache (SICA) a dû se fendre d’un communiqué qu’on imagine très embarrassant: la défense anti-aérienne de Tananarive venait de tirer un missile sur sa propre capitale.
L’embarrassant communiqué
Bien entendu, la mise à feu était accidentelle. Elle est intervenue lors d’un contrôle des armes et des équipements du Régiment de l’Artillerie antiaérienne. Il s’agissait d’un missile sol-air «Strela», de technologie russe, dont le pays est équipé de longue date pour parer une éventuelle attaque du pays par les airs. Mais la technologie russe n’est plus ce qu’elle était. Si le missile a bien décollé, sa charge explosive n’a pas fonctionné… heureusement.
Dans la base militaire, un autre blessé est à déplorer, un militaire, responsable à la direction des matériels techniques de l’armée Malgache. Touché à une main, l’armée a indiqué qu’il était brûlé au second degré et pris en charge par un hôpital militaire.
Le pire a été évité
«Les mots nous manquent. Une fois de plus. Il n’y a plus de mots assez forts pour qualifier la stupidité et les agissements de certains éléments de force de l’ordre», tranchent la Tribune de Madagascar, journal toujours en pointe pour dénoncer les défaillances des institutions du pays.
«Entre des militaires qui envoient (involontairement ou non) des missiles sur les habitations des civiles, les policiers qui assassinent un magistrat et un autre groupe de policiers qui mettent le feu à des villages entiers, sans oublier les corruptions traditionnelles et les abus de pouvoir, on ne sait plus quoi penser de ces hommes en uniformes qui sont pourtant très budgétivores», s’emporte le journal qui se demande si l’armée va prendre en charge la reconstruction de la maison.
Il semble tout de même que les habitants de la capitale aient réellement échappé au pire. Selon d’autres médias, deux autres missiles auraient été tirés simultanément. Ils seraient tombés dans des zones non construites sans faire ni victime ni dégâts.
RR
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