Dès 5h30, une petite dizaine de personnes manifestait devant les grilles du Syndicat Intercommunal d’Eau et d’Assainissement de Mayotte (Sieam), aprés avoir cadenassé le portail d’accès. Et en bloquant sporadiquement la circulation, pancartes en main « Bavi démission », et alternant des « de l’eau ! », avec des « karivenzé ! », (« nous ne voulons pas » des factures d’eau). Une ambiance bon-enfant menée par Ousseni Balahache, « nous ne voulons pas bloquer Mayotte », et une circulation alternée gérée avec la police nationale dépêchée sur les lieux, à cette heure de forte affluence sur les routes.
Qui contraste avec les paroles, dures, prononcées individuellement contre les autorités : « Il y a une volonté de diviser le nord et le sud. C’est politique. De son côté, le président de l’association des maires Saïd Omar Oili, reste silencieux, mais on va l’entendre quand il se mettra en campagne pour les sénatoriales, et le préfet rejette la responsabilité de la gestion de l’eau sur le Sieam, alors qu’il publie les arrêtés et préside les comités de crise. Enfin, la SMAE s’engage à nous fournir de l’eau potable. Or, elle ne l’est pas, donc on ne paie pas ! », explique un habitant de Sada, membre du Collectif.
A Sada, la maire Anchya Bamana s’était opposée à Saïd Omar Oili dès le début de la crise de l’eau, l’accusant de mollesse, « il faut savoir réveiller une population qui dort », avait-elle lancé.
Interdiction d’avitailler les navires
Le « Collectif des Assoiffés du sud » est en cours de création, expliquent-ils, mais ils ont déjà rencontré le préfet : « Il nous a expliqué qu’il ne pouvait couper l’eau au nord étant donné qu’il y avait la prison, le Centre de rétention administratif, l’économie de l’île et l’administration française. Mais au sud, qu’est-ce qu’il y a ? Des singes qui peuvent boire de l’eau sale ? », s’énerve un des membres, « et on n’entend plus parler du tanker dont la venue a été confiée à la SMAE. Depuis, la préfecture a annoncé que l’option « tanker » était toujours d’actualité, « une priorité absolue », même.
Nous apprenons que la capitainerie a décidé que l’avitaillement en eau potable des navires faisant escale au port de Longoni, de Mamoudzou et de Dzaoudzi est interdit, excepté pour les navires de service portuaire et les navires au service de l’Etat.
Le Collectif commente l’intervention du député Ibrahim Aboubacar, en demandant à son tour davantage de clarté, « nous ne voulons pas payer ces factures d’eau non potable ».
Jusqu’à présent, les mobilisations n’ont pas eu d’échos, à l’image de la manifestation du 2 février. Mais ils annoncent une structuration du mouvement ce week-end : « Nous avons demandé aux habitants du sud de monter vers le nord pour des actions que nous mènerons, sans prévenir les médias, et dès lundi. » A 11h, le portail du Sieam était toujours cadenassé après le départ des grévistes.
En début de matinée, la préfecture annonçait un allègement des tours d’eau, avec suppression du rationnement le week-end.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte