Avec le directeur de la compagnie Ariart, on sait maintenant qu’on ne se déplace pas pour autre chose que du 3ème degré. Derrière l’expression, la bonheur ou la souffrance, et derrière encore, des leçons d’existence, et d’Histoire, la grande, pour Mayotte la petite, qui a un jour choisi de rester française. Des bouleversements liés aussi à la mondialisation, et à la capacité d’un territoire à l’absorber.
El-Madjid Saindou s’est en tout cas appuyé sur le texte du poète mahorais Nassuf Djailani, « De l’île qui marche vers l’archipel qui ploie ». Il y raconte son retour sur l’île, et se voit différent dans le regard de sa famille, « je suis l’autre, une île à distance (…) l’étranger est tapi en moi ». Le décor est épuré, l’embrasure d’une porte qui symbolise le foyer, et tout juste deux bancs.
« Le langage n’est pas un jeu »
Le jeune homme, de retour sur sa terre natale, n’est plus dans le quotidien de la vie de sa famille ou de son village, « je voudrais être utile », lance-t-il, mais prend du recul analyse, se torture à propos de son île, « l’humide laideur de tes plaies. » Jusqu’à ce que sa mère, qui symbolise le bon sens, et la tradition acceptée, même à travers ses plus violentes expression du mariage forcé, lui réponde, « tu réfléchis trop mon fils, le langage n’est pas un jeu, il faut parler simple. »
Mais nous n’allons pas dévoiler tous les ressorts de sa réflexion, aidée, ou perturbée, par celle de son génial frère, moqueur de cette évolution sociétale, qui a fait adhérer les habitants comme des mouches au tube cathodique « qui nous rendu chèvre », et tomber dans « la drogue de l’assistanat. »
Une pièce de moins d’une heure, ponctuée par le jeu au dzendzé de Monié Mmadi qui apporte un fatalisme joyeux, et lorsque le rideau tombe, on en demande encore de ce dilemme constructeur que nous offrent Dalfine Ahamadi, Soumette Ahmed et Nassime-Alexandre Hazali.
Vous pourrez les applaudir ce samedi 1er avril au plateau de Chiconi à 20h, et le 7 avril à la MJC de Mtsapéré à 20h également.
Ce vendredi, les spectateurs venus au CUFR de Dembéni ont pu profiter d’un concert de Zikalaf mené par Elad, un rythme afro, sur des paroles rebelles parfois déclinées en rap, auquel se mêle la flute traversière… Et un trio de voix parfaitement ajusté.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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