Manifestation en soutien aux 4 habitants qui ont corrigé leurs présumés cambrioleurs

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Manifestation pacifique encadrée par la police qui protégeait le tribunal
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Comme ils l’avaient annoncé, un Collectif d’habitants de Chiconi s’est mobilisé en soutien à certains d’entre eux qui étaient convoqués au tribunal ce mercredi matin. Contrairement à ce qui a pu être dit, ils n’ont pas été placés en garde à vue, mais entendus par le procureur. Ils risquent la détention provisoire.

Il leur est reproché d’avoir cherché à se faire justice à la suite d’un cambriolage. Ayant retrouvé les auteurs des faits, ils les ont « corrigés ». Une trentaine d’habitants s’est introduit chez les parents, certains de nuit, ont extrait les jeunes pour exercer sur eux des violences à coup de bâtons, et de gifles. Les victimes, accusées d’avoir cambriolé, ont eu plusieurs jours d’ITT. Leurs parents ont alors déposé plainte.

Quatre habitants, dont un mineur, et un membre d’une famille connue à Mayotte, ont été interpellés par les gendarmes. Ils doivent passer cet après-midi devant le procureur, afin d’être jugé plus tard. « On leur reproche des arrestations arbitraires, des enlèvements et séquestration », explique un de leur avocat, Nadjim Ahamada. Ils sont reçus par le Juge des Libertés et de la Détention (JLD) cet après-midi à 16h.

La maison des parents comme entrepôt de stockage

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On pouvait lire : « Etat = absent, voleurs choyés, victimes en garde à vue »

Une cinquantaine d’habitants de Chiconi s’est déplacée devant le tribunal correctionnel, essentiellement des femmes, tenues à distance par la Police nationale. Elles s’expliquent.

« Ces jeunes sont connus de la gendarmerie. Ils habitent à proximité du collège où ils étaient scolarisés. Puis, exclus pour leur comportement. Moi, ils étaient arrivés à voler ma voiture C4 dans ma cour ! », s’exclame l’une d’elle. Une autre témoigne, « moi, je suis allée chercher mon portable chez leurs parents. »

Un sport communal si l’on en croit la plupart des témoignages, qui indiquent qu’au moindre cambriolage, ils savaient où récupérer les objets : « Un habitant s’y était rendu après le vol de sa télé grand écran, quand il a vu que les parents tentaient de la brancher pour la regarder. Il leur a demandé ‘vous ne vous renseignez pas pour savoir comment votre fils peut vous rapporter tout ça ?’, et les parents ont répondu qu’ils ne savaient pas ce que faisaient leur enfant de ses journées. »

Détention ou contrôle judiciaire

Outre le jugement, la justice va devoir encore faire œuvre de pédagogie
Outre le jugement, la justice va devoir encore faire œuvre de pédagogie

Les habitants disent leur ras-le-bol et leur sentiment d’injustice : « Oui, ils se sont fait justice, mais nous avons coopéré avec les gendarmes, nous avons collaboré avec le procureur par de multiples réunions, et tout ça pour quoi ?! Sur 104 cambriolages subis, 34 plaintes n’ont pas abouti, et il y a eu deux refus de plainte par les gendarmes. »

Après avoir reçu les auteurs des violences sur les présumés cambrioleurs cet après-midi, le Juge des Libertés et de la détention devra prendre une décision : « Il doit se prononcer sur le placement en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire de nos clients. »

La population va poursuivre sa manifestation toute la journée. Par une opération escargot du tribunal jusqu’à Mamoudzou, puis sur place, à Chiconi, préviennent-ils.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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