En détention provisoire depuis le 9 décembre, quasiment quatre mois, Guito Narayanin va essayer à nouveau de faire valoir ses arguments pour obtenir une remise en liberté.
Il a déjà tenté d’obtenir une libération avec placement sous contrôle judiciaire dès son incarcération. Mais il n’avait pas convaincu. Théophane Narayanin, auditionné par la juge d’instruction puis confronté à ses hommes de mains supposés, n’avait pas, selon les magistrats, présenté des gages suffisants pour rassurer quant à sa présentation aux actes de procédures ultérieurs. L’homme d’affaires réunionnais avait été placé sous mandat de dépôt pour une durée de 4 mois renouvelable.
Placé au quartier d’isolement de Majicavo, il avait ensuite obtenu une audience devant le juge des libertés et de la détention (JLD) le 21 décembre. Ce jour-là, l’audience a duré 3 heures mais elle n’a pas tourné comme il l’aurait souhaité. Guito Narayanin était reparti en prison.
L’homme d’affaires réunionnais a alors opté pour une autre stratégie: attendre derrière les barreaux que l’enquête progresse, jusqu’au terme des 4 mois.
Qui est le commanditaire ?
Les investigations des policiers de la brigade criminelle accusent Guito Narayanin d’être le commanditaire de l’agression d’une avocate, le 2 septembre 2015, dans le hall d’entrée du cabinet où elle travaillait aux Hauts-Vallons.
Un groupe de 4 individus avait violemment agressé la jeune femme, pensant qu’il s’agissait de l’avocate de Frédéric d’Achery, le propriétaire du terrain de la carrière de Kangani. Cette carrière est exploitée par IBS, la société que dirige Guito Narayanin, mais elle l’objet d’un litige très ancien entre les deux hommes.
Le jour de l’agressions, les gros bras s’étaient trompés de cible. Ils s’en étaient pris à une autre avocate du cabinet. Quant à savoir s’il y avait un commanditaire à l’agression… Depuis le déclenchement de l’affaire, le Réunionnais nie farouchement être à l’origine de l’attaque.
Les arguments pour la libération
A l’issue des 4 premiers mois d’incarcération, pour son avocat, il n’existe aucune raison de maintenir Guito Narayanin en détention plus longtemps. «Beaucoup d’actes ont été effectués. Sa libération ne gênera pas le travail des policiers. Et mon client dispose de garanties de représentation», affirme Me Jean-Pierre Lionnet à nos confrères du JIR. L’homme d’affaires sera aussi défendu par Me Fatih Rahmani, du barreau de Mamoudzou, et Me Josée Israël de Paris.
Dans cette affaire, les policiers ont mis en évidence des liens entre l’entrepreneur réunionnais et les gros-bras employés pour impressionner l’avocate. Ces derniers l’ont directement mis en cause lors de leurs auditions. Interrogé lui aussi, Guito Narayanin a rétorqué qu’il avait été victime d’un chantage et qualifie toutes les accusations contre lui de «tissu de mensonges».
Racketté ?
Selon lui, les quatre hommes savaient qu’il était en conflit depuis des années avec Frédéric d’Achery au sujet des carrières. D’après sa version de l’affaire, les agresseurs présumés auraient donc attaqué l’avocate pour laisser croire qu’il en était le commanditaire. Les quatre voyous auraient ensuite été le racketter en le menaçant de le dénoncer aux autorités. Ils auraient exigé de lui 250.000 euros chacun pour garder le silence.
Ce jeudi 6 avril, cela fait très exactement 4 mois que Guito Narayanin a été interpellé à La Réunion, avant d’être transféré à Mayotte. Depuis, il a été mis en examen pour «association de malfaiteurs».
RR
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avec le JIR.