La presse malgache en tellement que l’affaire est devenue le «feuilleton de Madame Claudine». Claudine, c’est madame Razaimamonjy, femme d’affaires et conseillère spéciale du président de la République qui a est poursuivie depuis hier vendredi 7 avril, pour corruption. Après sa garde à vue, les enquêteurs du Bureau indépendant de lutte anticorruption (Bianco) qui l’ont auditionnée pendant quatre jours avaient pour obligation de la transférer devant la juridiction compétente. Et elle a été placé en détention provisoire.
«Madame Claudine» est soupçonnée de « avoritisme dans l’attribution de marchés publics, de détournement de deniers publics, de recel de détournement de deniers publics, d’abus de fonction et de blanchiment d’argent»… Rien que ça!
Dans un pays habitué aux scandales de ce type, le mandat de dépôt décerné contre elle a surpris, jusqu’à la mise en cause elle-même qui a fait un malaise avant d’être transférée à l’hôpital. Car elle était considérée comme une intouchable à Madagascar du fait de sa proximité avec le pouvoir. Elle est membre fondateur du parti au pouvoir et c’est une amie proche du couple présidentiel.
Détourner l’attention des violences
Le «feuilleton» permet ainsi de détourner l’attention de la population au moment où des faits divers extrêmement violents et sordides s’enchaînent. Pour ne citer que les 3 derniers, il est question de viols, de meurtres et de justice populaires.
Ainsi, hier vendredi, des émeutes ont éclaté à Bealanana, à une centaine de kilomètres au sud-est de Nosy Bé, après la découverte du corps d’une jeune fille de 14 ans, victime d’un viol collectif avant d’être agressée à mort, à la sortie des cours.
Ces violences étaient consécutives à l’arrestation des quatre auteurs présumés. La gendarmerie a été copieusement caillassée, les forces de l’ordre ripostant à coups de grenades lacrymogènes et en interpellant une douzaine de manifestants.
Les quatre suspects ont été transférés et un couvre-feu a été instauré pour ramener le calme.
Dimanche dernier, à Andapa, toujours dans le nord malgache, un homme a été exécuté à la machette en pleine rue, au milieu de la foule. Soupçonné d’avoir mis le feu à plusieurs cases, il a d’abord été pris à partie par la foule, en présence de nombreux enfants, avant d’être menotté, lynché et achevé de plusieurs coups de machettes.
La scène de vindicte populaire était insoutenable… et a été filmée par des spectateurs avant d’être diffusée sur les réseaux sociaux.
Le viol de religieuses
Enfin, à Antsirabé, 26 suspects ont été interpellés après l’agression et le viol de religieuses. La semaine dernière, une dizaine de malfaiteurs a fait irruption dans un couvent. Après avoir sauvagement frappé un homme qui voulait s’interposer, les voleurs ont dévalisé l’endroit, rassemblant les objets de valeur, l’argent et les portables. Avant de quitter les lieux, plusieurs des agresseurs ont violé les cinq sœurs présentes.
L’une d’elles, originaire d’Allemagne, a depuis quitté Madagascar à la demande de sa famille.
Parmi les 26 personnes appréhendées par les gendarmes malgaches, 7 suspects ont formellement été identifiés par leurs victimes. Parmi eux se trouverait le chef de cette bande, déjà connu des forces de l’ordre pour des faits similaires. Les investigations sont loin d’être terminées car les autorités ont décidé de frapper fort.
La conférence des Évêques de Madagascar a fait part de son émotion et de sa colère dans un communiqué: «Nous condamnons avec véhémence ce qui s’est passé. Il y a lieu d’interpeller le pouvoir étatique de telle sorte que des mesures plus rigoureuses soient prises face à l’ampleur effrayante des actes de banditisme dans toute l’île. La conférence des évêques encourage tous les religieux et toutes les religieuses qui se sont dévoués à servir le pays à ne pas faillir à leur vocation».
RR
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