C’était un moment crucial dans la crise que traverse le collège de Mtsangamouji. Alors que les tensions perdurent dans l’établissement, ce mardi était une journée très particulière. L’essentiel du personnel continuait à faire valoir son droit de retrait. Les enseignants et l’ensemble des équipes éducatives avaient commencé à l’exercer mercredi dernier.
Dans le même temps, les parents, particulièrement soudés dans ce moment délicat, avait gardé les enfants à la maison. Ce mardi, ils se sont mobilisés très largement. «Les parents ont été très clairs: ils n’enverront plus leurs enfants tant que des mesures concrètes ne seront pas prises par le vice-rectorat», expliquait ce mardi matin un délégué du SNES au JDM.
Et ces mesures, qu’ils souhaitaient voir écrites et officialisées, ils sont allés les chercher au vice-rectorat où ils avaient rendez-vous avec la vice-recteur Nathalie Costantini ce mardi à 10h30. Les syndicats avaient obtenu d’être reçus eux aussi, ce qui semblait évident après plusieurs jours de droit de retrait, mais les entretiens ont été menés séparément. Peu importe: parents et communauté éducative portaient une motion commune face aux violences de ces derniers mois.
De «petites» avancées
Tous reconnaissaient que sur les 1.163 élèves de l’établissement, à peine une vingtaine d’entre eux est la cause des troubles. Depuis le 7 décembre dernier et la tentative d’agression d’élèves d’Acoua dans leur bus, les règlements de compte et les scènes violentes s’enchaînent, à coups de marteau, de cailloux, de tournevis, de chombo… le tout dans un établissement, que selon le SNES, compte un surveillant pour 143 élèves, moitié moins qu’en banlieue parisienne.
La semaine dernière, parents et personnels avaient déjà obtenu de «petites avancées», selon les termes des parents d’élèves. En matière de personnel, 2 médiateurs devraient être affectés à l’entrée du collège. Concernant la sécurisation de l’établissement et de ses abords, des techniciens du vice-rectorat sont venus évaluer les moyens à mettre en œuvre pour faire en sorte que les enceintes du collège soient effectives. Un sas devrait aussi être mis en place à l’entrée, ainsi qu’un système de vidéo-surveillance. La réfection des classes devrait aussi avancer, de même que la ventilation et la construction de farés et de bancs.
Une lettre officielle
Peu de nouvelles choses ont été proposées ce mardi mais les points déjà avancés devraient être officiellement actés rapidement. «La vice-recteur s’est engagée à envoyer ses propositions par écrit au plus tard demain (mercredi) matin», expliquent les parents d’élèves au JDM.
«Nous avons senti une prise de conscience même si nous sommes un peu déçus. 5 EMS (équipes mobiles de sécurité) devraient être recrutées à la rentrée prochaine mais pas uniquement pour le collège de Mtsangamouji. Mais nous allons continuer le travail. La vice-recteur nous a annoncé la mise en place d’une cellule de crise et elle nous a dit qu’elle viendrait vendredi dans le collège. Nous allons continuer d’essayer à obtenir d’avantage».
Vigilants
Ce mardi soir, les parents reprennent la devise mahoraise «Ra Hachiri». «Oui nous disons que nous sommes vigilants. On a senti une volonté alors nous avons décidé de ne pas pénaliser nos enfants et ils reviendront en cours ce mercredi. Mais si les tensions redémarrent, si les violences recommencent, alors nous réagiront à nouveau».
Du côté de la direction de l’établissement, on espérait que la situation aille «vers une normalisation». le vice-rectorat doit publier un communiqué dans la soirée.
Ce mardi, alors que les violences et les tensions avaient fait place au vide et au silence dans le collège, des élèves avaient bombé un très court message sur le bitume devant l’établissement: «Paix».
RR
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