“Lailat at Isra wa el Miraj”, c’est littéralement “La nuit du voyage et de la montée au ciel”. Selon les textes religieux, le prophète Mahomet, guidé par l’archange Gabriel, serait allé de la Mecque à Jérusalem sur un cheval ailé appelé Buraq puis serait monté aux cieux pour discuter avec Dieu du nombre de prières par jour que doivent accomplir les musulmans.
La fête du Miraji commémore à la fois ce voyage nocturne sur Buraq (« Isra » en arabe) et la montée au ciel du prophète (« miraj »). On peut donc la mettre en parallèle avec la fête de l’Ascension chez les chrétiens.
Miraj est une fête importante pour les musulmans, car elle correspond à une expérience spirituelle très forte qu’aurait vécu le prophète. Pourtant, elle ne revêt pas la même importance selon les pays musulmans. Peu célébrée au Maghreb par exemple, elle est en revanche très suivie aux Comores.
A Mayotte, la plupart des musulmans la célèbrent, bien qu’elle semble perdre du terrain s’il on en croit les habitants de Petite-Terre interrogés à ce sujet. “Miraj est beaucoup moins fêté qu’autrefois”, nous confie ainsi Saïd, rencontré devant la mosquée de Labattoir. “Avant, c’était une fête très considérée, mais maintenant c’est surtout aux Comores qu’elle est fêtée”, poursuit-il. Une remarque qui fait écho à une certaine perte de traditions dont est victime notre île à l’heure actuelle.
Une fête axée sur la prière et la transmission de la foi
Beaucoup de familles mahoraises s’astreignent néanmoins à perpétuer la tradition. Dans les maisons, les femmes préparent toutes sortes de plats traditionnels. A cette occasion, de nombreux zébus sont donc égorgées selon les rites musulmans. Les gâteaux mahorais sont également à l’honneur. Mais c’est surtout sur la prière et la transmission de la foi qu’est axée cette fête religieuse.
«Moi pendant Miraj, j’écoute des versets du coran toute la journée à la radio pour mieux m’imprégner de la parole d’Allah”, nous confie Sandi Mohamed devant la grande mosquée du vendredi de Pamandzi. L’homme nous explique que certains musulmans jeûnent toute la journée lors de la fête du Miraj, mais que ce n’est toutefois pas une obligation et que les dignitaires musulmans ne sont pas tous d’accord à ce sujet.
Une négociation pour les 5 prières
Sandi Mohamed nous explique la nature exacte de la fête du Miraj. Lors de son ascension vers le ciel, le prophète Mahomet a donc reçu la prescription des 5 prières par jour pour les musulmans. Mais cela ne s’est pas fait si simplement. Dieu avait à l’origine prescrit 50 prières par jour et Mahomet a en réalité “négocié” pour n’en obtenir que 5. Puis, selon la légende, le prophète est ensuite redescendu sur terre pour raconter son voyage miraculeux aux habitants de la Mecque qui, au départ, ne l’ont pas cru. Seul Abu Bakr, son fidèle compagnon, n’a pas douté un seul instant de son récit.
Après son voyage nocturne, Mahomet aurait raconté son aventure pendant 12 heures aux habitants de la Mecque, de 6 heures à 18 heures. C’est pendant ce laps de temps que jeûnent les musulmans les plus pratiquants. Dans certaines mosquées de Mayotte, un prêche a eu lieu lundi soir jusqu’à minuit pour rappeler aux Mahorais la signification de cette fête et les inciter à la célébrer.
Nora Godeau
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