Nous n’allons pas vous imposer un copier-coller parfaitement indigeste du long bilan de l’économie mahoraise en 2016 dressé par la filiale de la Banque de France à Mayotte. Pour voir tous les détails, le site de l’IEDOM est là pour ça. En revanche, la synthèse est facile à faire est se résume en une phrase: «L’économie mahoraise est entrée dans une période d’attentisme et peine à trouver les leviers sur lesquels s’appuyer afin de relancer l’activité».
L’IEDOM dresse en effet un constat sans enthousiasme de l’année passée en analysant tous les éléments qui font fonctionner notre économie. Premier constat, les projets publics ne se concrétisent toujours pas dans les délais prévus et le secteur privé reporte ses investissements. Les entreprises attendent en effet de retrouver davantage de visibilité sur l’évolution de l’économie. «Ainsi, après un bon début d’année, le climat des affaires retombe dans l’incertitude» à la fin décembre.
Et pourtant, «l’année 2016 disposait de bonnes raisons de retrouver la relance attendue», regrette l’IEDOM. Ainsi, la consommation des ménages est toujours vigoureuse comme en témoigne la progression des importations (+0,8% contre +5,5% en 2015), essentiellement portées par les produits destinés aux ménages (+7,2% en 2016). Les importations s’élèvent en 2016 à 499,7 millions d’euros, un niveau record.
Mais dans le même temps, le reste de l’économie ne suit pas. L’exemple le plus frappant est toujours l’inexistence de nos exportations qui parviennent encore à diminuer de 11,9% et touchent un niveau toujours plus ridicule de 7,4 millions d’euros pour toute l’année 2016. Conséquence: le solde de notre balance commerciale se creuse de 1% en 2016 pour se hisser à un niveau inédit de 492,3 millions d’euros!
Le blues du businessman
Le climat des affaires termine l’année sur un bilan mitigé mais il parvient tout de même à renouer avec sa moyenne de longue période. Les chefs d’entreprise veulent «pérenniser leurs affaires même si la conjoncture ne leur est pas favorable», relève l’IEDOM.
Dans le détail, c’est dur dans le commerce et l’industrie agroalimentaire avec une activité dégradée en fin d’année, médiocre du côté de l’activité industrielle, mais ça va mieux pour les services marchands. Quant au BTP, crucial pour notre économie, la situation y reste délicate. Alors que la commande publique ne s’est toujours pas relancée, les acteurs du bâtiment s’orientent de plus en plus vers la commande privée des ménages et des entreprises, mais ce volume d’activité nouveau «n’est pas suffisant pour enrichir des carnets de commandes affaiblis», explique l’IEDOM. Coincé par des problèmes d’allongement des délais de paiement, des difficultés de trésorerie et plombé par la crise de l’eau, le secteur continue de chercher de nouveaux leviers pour redémarrer.
Résultat, les investisseurs adoptent un «comportement attentiste pour l’année à venir, en ligne avec la tendance relevée en 2016». Il suffit de regarder l’encours des crédits d’investissement pour s’en convaincre: il poursuit sa diminution avec -11,9% en 2016, après -2,2 % en 2015. «Cette réticence à l’investissement privé touche quasiment tous les secteurs, à l’exception du commerce qui demeure très actif et qui concrétise la mise en œuvre de certains projets de développement et d’extension».
Seulement 1.200 emplois créés en 2016
Pour compléter ce panorama économique, un regard sur les prix. Ils sont en légère hausse de 0,2% en 2016 (après une stabilité en 2015), mais l’IEDOM pointe l’inflation importante du côté des services (+2,3%, après +3,4% en 2015) et des produits alimentaires (+1,1%, après +0,4% en 2015).
Enfin, le marché de l’emploi continue sa «formalisation» entamée ces dernières années, d’où la hausse de la demande d’emploi que l’IEDOM juge «effrénée». Le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A inscrits à Pôle Emploi augmente de 3,5% en 2016 après +54% en 2014 et +12,1% en 2015. Ce chômage concerne 12.245 personnes fin décembre 2016 et le taux d’activité s’élève à 50,5% (+2,3 points en un an et 6,1 points en deux ans).
Mayotte devient ainsi le département français où le taux de chômage est le plus élevé, les créations d’emplois ne réussissant pas à absorber cet excès de demande: seuls 1.200 Mahorais ont trouvé un emploi en 2016!
Attention à l’avenir
Aller, deux bonnes nouvelles tout de même pour finir. Comme nous l’indiquions en début d’année, le trafic aérien a battu des records en 2016 avec un nombre de vols qui progresse 21,8% et celui de passagers de 2,7%. Quant à nos banques, elles vont bien, on est contents pour elles. L’épargne se renforce et l’encours total des crédits consentis à l’économie progresse de 6,9%.
Au final, avec ce bilan économique de 2016, l’IEDOM constate «une opposition entre le pessimisme grandissant des entreprises au fil des années et leur volonté affichée de maintenir leurs efforts pour trouver des voies d’amélioration de l’activité». Pour cette année, «la consommation des ménages, soutenue par un financement bancaire vigoureux, devrait être le seul moteur de croissance capable de porter l’activité». Et l’IEDOM met en garde: «sur le long terme, les acteurs socioéconomiques mahorais devront identifier et mettre en œuvre des projets et des leviers de développement pérennes pour l’île, qui pourraient bénéficier à l’activité». Y a plus qu’à…
RR
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