Eau potable : obstructions sur l’or bleu à Mayotte

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La retenue collinaire de Combani
La retenue collinaire de Combani

Dimanche dernier, le 30 du mois d’avril, sonnait la fin de la saison cyclonique. Des cyclones qui se sont fait particulièrement discrets d’ailleurs cette année, comme toutes les dépressions qui auraient pu être fécondes en eau. Une sortie de scène avec brio cependant, puisqu’avec des pluies denses dans la nuit de samedi à dimanche, qui ont arrosé de 64mm Dembéni, 54mm Pamandzi, 37mm Mamoudzou, 29mm Coconi et seulement 4mm Mtsamboro.

La retenue collinaire de Dzoumogné a donc été faiblement abondée, elle est actuellement à 53,6%, alors que celle de Combani a bénéficié des dernières pluies pour élever son niveau au max, 105,1%. Aucun miracle, c’est la rehausse temporaire au moyen de madriers qui permet ainsi de dépasser les 100%. D’après nos informations, aucune coupure ne devrait perturber l’accès à l’eau courant d’ici la fin du mois de juin.

Les réunions de crise élargies se sont espacées, alors que les réunions techniques sur l’évolution des travaux, notamment sur les forages et les études de marchés, continuent à se poursuivre à un rythme soutenu, nous dit-on. Du côté de la 3ème retenue collinaire, aucune évolution depuis la signature en fanfare d’une contrepartie foncière avec la famille Bamana au Syndicat des Eaux et de l’Assainissement (Sieam).

La 3ème retenue bloquée

La signature d'un accord avec la famille Bamana en février dernier, n'a pas suffi
La signature d’un accord sur le foncier avec la famille Bamana en février dernier, n’a pas suffi

Dans la revue la Gazette des communes, le président de Mayotte Nature environnement, Houlame Chamssidine, pointe d’ailleurs du doigt le peu d’empressement qu’a la famille Bamana à régler ce problème qui conditionne pourtant l’intérêt général, et critique la maire de Sada, Anchya Bamana, « première à crier contre le manque d’eau, mais opposée à cette construction. » En métropole, les autorités procèdent dans ces cas à des expropriations en proposant des indemnisations.

La Sieam a particulièrement fait preuve de laxisme, notamment dans l’encadrement de la Délégation de service public à la SMAE-Sogea-Vinci. Elle avait été renégociée il y a 4 ans, mais n’a pas été concrétisée.

Sans cette retenue collinaire, et en prenant en compte les délais des travaux du Plan urgence Eau de la ministre Bareigts, qui ne seront pas bouclés avant la fin de l’année, il faut anticiper sur l’approvisionnement en eau potable. La situation que nous avons connue peut se reproduire dès le mois de juillet. Avec la ruée dans les magasins à la recherche de l’or bleu en bouteille.

Eau du réseau contre eau de source

A Mayotte, c’est OGIVA, de la société Mayco, qui fournit. En l’absence de source, elle ne fait que mettre en bouteille l’eau du réseau mahorais. Et ne paie donc pas d’octroi de mer, puisque elle est produite localement. D’autres marques d’importation s’affichent dans les rayons des supermarchés, comme Evian, Edena, Cristaline, ou Saint-Benoît.

Le président du conseil départemental, Soibahadine Ibrahim Ramadani avait appelé l’Etat à la rescousse pour obtenir une indemnisation sur l’achat des bouteilles par la population, étant donné qu’il y avait rupture dans la distribution d’eau potable. La ministre Bareigts lui avait rétorqué que le département pourrait réduire à zéro l’octroi de mer sur l’importation de bouteilles, qui est actuellement à 30%, autorisant ainsi des prix plus compétitifs.

Arrivée d’une entreprise d’importation d’eau en bouteille

La ministre des Outremer avait appelé le département à réduire le taux d'octroi de mer
La ministre des Outremer avait appelé le département à réduire le taux d’octroi de mer

S’exprimant ce mercredi sur les ondes de Mayotte 1ère, le président du département expliquait qu’aucune délibération sur ce sujet pourtant vital n’avait été programmée.

Une nouvelle entreprise de production d’eau en bouteille est sur les rangs selon nos informations. Elle souhaite proposer de l’eau de source à des prix annoncés comme compétitifs, bien que nous n’ayons pas eu son représentant au téléphone. Il nous a néanmoins fourni ses chiffres : sur une bouteille de 1,5 litre, le prix sortie d’usine en métropole est de 0,14 euros, et monte à 0,53 euros arrivée à Mayotte, après avoir payé fret, et frais portuaires. Et l’octroi de mer. Si celui-ci était ramené à zéro, le prix diminuerait à 0,44, sur lequel l’importateur devra ensuite payer d’autres charges. Il annonce de faibles marges.

Pour comparer, le prix du litre de la marque Edena est de 0,85 euros chez Jumbo, et le pack à 6,30 euros, et la Saint Benoît à 0,70 euros la bouteille chez Sodifram.

Eau en bouteille ou eau du robinet, pour garantir son approvisionnement et au moindre coût, il va falloir faire du ménage dans les intérêts particuliers. Ça coule de source…

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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