Etant donné le mode de rassemblement voulu par le désormais président, le nouveau parti présidentiel « La République En Marche », devra définir ses frontières, qui vont du centre droit au centre gauche, mais encore faut-il parvenir à y inclure des candidats.
Il y a actuellement 577 députés et 348 sénateurs en France. Emmanuel Macron a annoncé un candidat par circonscription, il va donc falloir rassembler, car il a été ferme, « ils ne sont recrutés qu’au sein de En Marche », l’ancien mouvement qui l’a porté.
A Mayotte, Jacques-Martial Henry remplit ces critères pour les législatives, et Saïd Omar Oili, pour les sénatoriales, tous deux membres d’un des comités Macron. Ils représentent les « caciques » de la politique à Mayotte, mais rappelons que si le nouveau président veut laisser la place à de nouveaux visages au gouvernement, il a aussi annoncé qu’ils seraient à parité avec des anciens.
Interrogé par le JDM, Saïd Omar Oili indique qu’il ne sait pas encore sous quelle étiquette il va se présenter le 24 septembre. Le Nema, Nouvel Elan pour Mayotte, qu’il a créé, était né en 2001, et il le rappelle, « dans des circonstances proches de l’élection de Macron. Nous ne nous retrouvions plus dans l’idéologie au pouvoir, et je suis parti seul, en arrivant à battre le sénateur Henry à Dzaoudzi Labattoir. Je suis donc l’inverse d’un opportuniste ! », s’exclame-t-il en réponse aux critiques dont il a fait l’objet sur une radio.
Les secousses du tremblement de terre du Pacte avec les Comores
En additionnant les votes de protestation au 1er tour contre l’apparatchik politique, l’Entre soi, dont les français ont dit ne plus vouloir, on obtient plus de 70% des français, que la contestation vienne de l’abstention, du Front National, de Mélenchon, de Nicolas Dupont-Aignan, ou des Lassalle, Poutou et Arthaud. Une force dont il faudra bien que le président élu tienne compte.
Et il va falloir en local, proposer du sang neuf et des mesures novatrices. Surtout qu’un premier sondage (Kantar-Sofres onepoint) sur les législatives menés avant le 2ème tour, font apparaître un jeu quasiment égal entre La République en Marche, qui mène d’une courte tête avec 24%, Les Républicains 22%, et le Front national 21%, puis en 4ème, Mélanchon, 15%, puis le PS, 9%.
La difficulté supplémentaire à laquelle vont se heurter les candidats à Mayotte, c’est la campagne qui a été menée depuis la déclaration de Labattoir d’Emmanuel Macron, et son Pacte d’investissement pour les Comores. Un peu comme il l’a lui même fait pour défendre son programme, ses partisans vont devoir prendre leur bâton de pèlerin comme l’a fait ce matin dans nos colonnes Sarah Mouhoussoune, pour expliquer que le milliard d’euros envisagé par le candidat Macron pour l’outre-mer, partira pour une grande partie à Mayotte, ainsi que la Guyane avait-il dit, mais ce département a été dotée depuis. Le Pacte avec les Comores vient en parallèle.
La démagogie au pouvoir
« Si on ne réduit pas la fracture avec nos voisins, ils continueront à venir, Macron ne fait que dire la vérité », poursuit Saïd Omar Oili. « C’est bizarre, quand Marine Le Pen part au Tchad et appelle à aider ce pays financièrement en soulignant le risque d’un fort flux migratoire en Europe ou l’émergence de futur djihadistes, on trouve ça normal ! Si Emmanuel Macron avait évoqué une aide comparable pour Madagascar, personne n’aurait fait attention. »
Il appelle à évoluer : « Sortons de la logique de la Françafrique, et arrêtons d’avoir des complexes. Nous sommes français une bonne fois pour toute. Au lieu de nous comporter comme les habitants de l’allégorie de la Caverne de Platon qui tuent celui qui évoque un autre monde, ou comme des gamins qui regardent notre part de gâteau par rapport au voisin, demandons nous quels sont nos atouts, proposons des projets, et consommons les crédits actuels. »
Et appelle au partage équitable des richesses, « le monde y sera contraint d’ici 2050 où les africains seront plus de 2 milliards. »
La démagogie de certains débats actuels, l’effraie, « les mandats de Boinali et de Ladjo n’ont-il pas suffi pour comprendre ? », et appelle les médias et les politiques à élever le débat, « mettons en place le macronisme, c’est à dire pensons rapidement au développement du territoire au lieu de ne faire que du social, il n’y a pas de temps à perdre avec des canards boiteux. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte