Agir sur un des premiers freins au tourisme : le prix du billet d’avion

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Les taxes s'accumulent sur les billets d'avion
Infléchir le coût prohibitif du kérosène à Mayotte, un challenge à relever pour Ayub Ingar
Infléchir le coût prohibitif du kérosène à Mayotte, un challenge à relever pour Ayub Ingar

Lors du Forum des métiers de l’aérien, les autorités mahoraises ont une nouvelle fois déploré les prohibitifs prix des billets d’avion, qui freinent le désenclavement du territoire, « et notamment, le développement du tourisme », se plaignait Fatimatie Binti Razafinatoadro, la présidente du Comité départemental de Tourisme de Mayotte.

Pour le prix d’un aller-retour Paris-Mayotte par vols directs d’Air Austral du 4 au 19 août 2017 (le vol avec escale étant encore plus cher), soit 1.600 euros, vous pouvez vous offrir New-york sur les mêmes dates, vol et hôtel compris. On peut en effet dire que les touristes qui débarquent à Mayotte ont une grande affinité pour le territoire ou ceux qu’ils viennent visiter, et qu’on aurait tout intérêt à les choyer.

Si le président du département a annoncé hier vouloir entrer un jour au capital d’Ewa Air, c’est en agitant sa casquette de chef de région et donc de son développement économique, et de pouvoir agir sur les variables d’ajustement. A l’image, réduite, de ce que pratique Didier Robert, président du conseil régional de La Réunion et président de la Sematra, actionnaire majoritaire d’Air Austral.

Citerne de stockage du kérosène

Pour le président Soibahadine, entre au capital d'Ewa Air, c'est s'attaquer aux freins de l'aérien
Pour le président Soibahadine, entre au capital d’Ewa Air, c’est s’attaquer aux freins de l’aérien

Outre le rallongement de la piste de l’aéroport de Pamandzi, c’est sur le coût du carburant que les autorités veulent tenter d’influer. D’autres que Soibahadine Ramadani s’y sont déjà risqués, sans succès. « Pour les avions, le carburant est 80% plus cher qu’à La Réunion alors qu’à la pompe, il est au même prix », rappelle Ayub Ingar, « mais la société Total en monopole à Mayotte, se justifie par des amortissements sur des investissements réalisés il y a bien longtemps. Or, ça monopolise 25 à 30% de mon budget. »

La situation est bloquée depuis plusieurs années. « Une société est venue il y a 2 ans pour mener une étude de marché, mais a jugé les investissements à réaliser trop importants », indique-t-il, en rajoutant, « avec 1,5 million de litre consommés par an et par appareil, je pense investir dans une citerne personnelle. » Tout en restant dépendant de Total pour l’approvisionnement, mais en évitant les marges post stockage.

Des taxes discriminatoires au faciès

L'aéroport Prince Saïd Ibrahim à Moroni
L’aéroport Prince Saïd Ibrahim à Moroni (Comores)

Avec le carburant, les taxes aéroportuaires figurent en bonne place sur le tarif supporté par le voyageur. « Cela ne sert à rien de casser les prix », tente de justifier celui qui a œuvré pendant plus de 30 ans chez Air France, et qui rappelle que les premiers concurrents de la compagnie nationale ont tous fait faillite. « Ce sont les taxes d’aéroport qui tuent. Et certains pays pratiquent de la discrimination. Aux Comores, je paie 18 euros par passager, quand la taxe n’est que de un euro pour les compagnies Int’Air Iles et AB Aviation. C’est contraire aux règles internationales. »

A Mayotte elle est de 172 euros par passager, quelque soit la compagnie, contre 192 euros à Madagascar, « ils ont augmenté de 38 euros il y a 4 mois. » Des taxes que la compagnie répercute sur le passager. Ce qu’Air Austral ne fait plus depuis quelques mois sur la liaison Réunion-Mayotte, permettant de maintenir des prix compétitifs face à Corsair, pour le plus grand bonheur des voyageurs.

Si Ayub Ingar parvient à mener son projet de citerne au bout, Ewa Air pourrait donc alléger sa facture de kérosène sur ses dessertes régionales, et pourquoi pas, la compagnie mère Air Austral, à l’international. C’est en effet en prenant le taureau par les cornes en interne que Mayotte pourra prendre en charge le développement de son territoire comme l’ont bien compris les Réunionnais.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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