Deux professeurs d’arabe de Mayotte de retour d’un stage linguistique inédit au Caire

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La délégation de professeurs français au Département d’Enseignement de l’Arabe contemporain de l’Institut français du Caire (Photo: Journal Al Ahram)
La délégation de professeurs français au Département d’Enseignement de l’Arabe contemporain de l’Institut français du Caire (Photo: Journal Al Ahram)
La délégation de professeurs français au Département d’Enseignement de l’Arabe contemporain de l’Institut français du Caire (Photo: Journal Al Ahram)

Les stages en immersion dans les pays étrangers pour les professeurs de langue sont régulièrement organisés par l’Education nationale. C’est ainsi que les professeurs de langue arabe de métropole ont souvent l’occasion de bénéficier de sessions de formation, dans les pays du proche et du moyen orient. Et cette année, pour la première fois, deux enseignants de Mayotte les ont rejoints au Caire, la capitale égyptienne, pour deux semaines intenses.

Pour Ilhem El Ghoul de Mtsamboro et Leïla Al Ardah, conseiller pédagogique pour l’enseignement de l’arabe à Mayotte, «ces stages permettent de se reconnecter avec la réalité du monde arabe. C’est quelque chose de fabuleux», explique celle qui est également chargée de cours dans le cadre du Diplôme universitaire «Islam et République» du CUFR de Dembéni. Au programme de ce stage, conférences dont une sur les libertés publiques en Egypte, visites de quartiers, de lieux de cultes de différentes religions… au cœur d’une ville bouillante, cœur culturel du monde arabe.

Ce sont au total 12 professeurs qui ont bénéficié fin avril de l’expertise du Département d’Enseignement de l’Arabe contemporain (DEAC) de l’Institut français du Caire, qui depuis 1982 permet à des étudiants de tous niveaux, d’acquérir et d’approfondir les moyens linguistiques nécessaires à la réussite de l’exercice de leur profession.

Une langue et une culture

Ces enseignants venaient de Versailles, Bordeaux, Paris, Lille et donc de Sada et Mtsamboro, véritables laboratoires de l’enseignement des langues à Mayotte. Ces 2 établissements offrent dès la 6e, en plus de l’enseignement de la langue vivante 1 (LV1), la possibilité d’amorcer pendant une heure par semaine, l’apprentissage d’une 2e langue, avant qu’elle ne soit obligatoire à partir de la 5e. «Il y a aussi un accompagnement éducatif mis en place avec un assistant de langue d’origine syrienne», souligne Leïla Al Ardah.

Pour cette immersion linguistique et culturelle, conférence, échanges, visites... dans le cœur culturel du monde arabe
Pour cette immersion linguistique et culturelle, conférence, échanges, visites… dans le cœur culturel du monde arabe

Dans le contexte actuel, l’apprentissage de l’arabe reste à part, en métropole mais aussi à Mayotte. «D’un côté, l’enseignement de l’arabe s’est envolé à Mayotte parce la vice-recteur contribue à ouvrir les élèves sur le plan culturel. Il s’agit de leur permettre de s’approprier au-delà d’une langue, une culture extraordinaire mais aussi lutter contre la radicalisation religieuse», précise Leïla Al Ardah. «Mais de l’autre, il faut toujours le défendre. La langue arabe est encombrée de représentations négatives dans l’imaginaire collectif. Et pourtant, c’est la langue d’une grande civilisation que François 1er voulait qu’on enseigne au Collège de France».

Complémentaires de madrassas

«La typologie des élèves n’est pas la même qu’en métropole. A Mayotte, tous les élèves qui apprennent cette langue sont musulmans et il faut d’ailleurs le prendre en compte. Parce que les madrassas ont commencé depuis longtemps à enseigner l’arabe, pour répondre à ce besoin et on ne peut plus faire comme si ces écoles n’existaient pas. Elles participent à la construction intellectuelle des enfants. Il faut donc que l’enseignement de la République devienne complémentaire de l’enseignement religieux et culturel des madrassas», relève Leïla Al Ardah.

La madrassa de Tsingoni
Les madrassas enseignent l’arabe mais pas de la même façon que l’Education nationale

L’Education nationale a en effet une vraie carte éducative à jouer face à des écoles coraniques où l’arabe est bien plus souvent chanté que réellement appris.

De nombreux projets pour l’enseignement de l’arabe

Malgré tout, l’arabe se développe dans le département. Après Sada et Doujani, la langue sera enseignée au collège de Dzoumogné à la rentrée prochaine. De même, on parle de modules d’arabe dans la formation des professeurs des écoles à Mayotte au CUFR.

Quant aux professeurs de collèges et lycées, après ce 1er stage de perfectionnement linguistique, d’autres sont appelés à être organisés. «Ces rencontres ont permis de créer une synergie entre des professeurs d’arabe de métropole et de Mayotte. C’est très important surtout lorsqu’on est insulaires, de pouvoir nouer des liens pour échanger sur des éléments d’enseignement ou culturels à intégrer à nos formations», précise Leïla Al Ardah.

Et on évoque également d’autres projets, comme un dispositif de stage intensif pendant les grandes vacances pour les profs, la venue d’enseignants en résidence à Mayotte ou encore l’organisation d’un voyage scolaire dans un pays arabophone pour des élèves. Les envies ne manquent pas pour développer cet enseignement. Ça tombe bien, les besoins, même mal évalués, semblent très importants.

RR
www.lejournaldemayotte.com

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