Et si nous connaissions en temps réel la qualité de l’air que nous respirons? Nous n’en sommes pas encore là mais l’association Hawa Mayotte, agréée par le ministère de l’Environnement pour la surveillance de la qualité de l’air (AASQA) à Mayotte, lance un site internet (www.hawa-mayotte.fr), et c’est déjà un premier pas. «L’objectif est bien sûr de faciliter l’accès à l’information, pour l’instant générale, sur la qualité de l’air», explique Bruno Brouard-Foster, le directeur d’Hawa Mayotte.
Le site propose plusieurs rubriques pour répondre à nos interrogations, avec beaucoup de données générales sur l’air, la pollution, les effets de la météo, mais aussi les conséquences sur notre santé d’un air de mauvaise qualité, particulièrement pour les personnes les plus fragiles. Et à regarder la liste, on comprend que la qualité de l’air n’est pas à prendre à la légère: asthme, toux, rhinites, angines, bronchiolite, douleur thoracique, insuffisance respiratoire, maladies cardio-vasculaires, cancers et même infertilité… l’air joue un rôle majeur sur notre santé.
Hawa nous apprend également la liste des 4 polluants réglementés dans le cadre d’une surveillance de la qualité de l’air. Il y a les particules fines liées aux transports, aux brûlages et aux activités industrielles comme les carrières et les chantiers, mais aussi celles qui sont liées aux réactions chimiques dans l’atmosphère et aux transferts de pollution sur de grandes distances. Les autres polluants sont le dioxyde d’azote, lui aussi lié à la circulation et au brûlage des déchets, l’ozone et le dioxyde de soufre d’origine industrielle. La combinaison de ces 4 éléments forment l’indice ATMO. C’est lui dont on entend parler lors des pics de pollution en métropole. Sur une échelle de 1 (très bon) à 10 (très mauvais), il définit la qualité de l’air que nous respirons.
Une qualité de l’air de 4
Cet indice national existe depuis 1995 mais il n’est calculé obligatoirement au quotidien pour les agglomérations supérieures à 100.000 habitants. Pour les agglomérations plus petites, un indice de qualité de l’air (IQA) peut tout de même être établi. Pour les méthodes de calculs, on vous laisse vous reporter au site d’Hawa.
Alors, il est comment notre air? «Sur la première moyenne annuelle que nous avons établi sur 10 sites, nous avons actuellement un IQA de 4 qui est donc bon pour l’ensemble de l’île,», précise Bruno Brouard-Foster. Cet indice porte sur la présence de dioxyde d’azote, de souffre, d’ozone et de benzène. «Concernant les particules fines, nous avons un seul point de mesure avec la remorque mobile à Kawéni nord. Là, on peut dire qu’entre 6 et 8 heures, puis le soir et parfois le midi, on a des pics qui peuvent être 10 plus élevés que la nuit, mais selon les critères de seuil d’alerte, calculés en moyenne journalière, on reste en-dessous».
A terme, 5 stations de mesures
Hawa a reçu son premier laboratoire mobile d’analyse en mai 2016, suivi d’autres capteurs, qui permettent la réalisation de campagnes d’évaluation. Une 2e station mobile devrait arriver d’ici à la fin de l’année, qui se transformera peut-être en 1er point fixe de mesure. «A terme, d’ici 5 à 10 ans, Mayotte disposera probablement de 3 stations fixes de mesure de la qualité de l’air et de 2 moyens mobiles. A titre de comparaison, La Réunion où le dispositif est en place depuis 18 ans, il y a 15 stations fixes et 5 remorques mobiles. Nous n’avons pas encore 2 ans», note Bruno Brouard-Foster.
Dans les prochains mois, le site internet d’Hawa va donc mettre à disposition les résultats de ses premières données sur Mayotte. Et pour les infos en temps réels, encore un peu de patience. Mais la perspective est bel et bien lancée.
RR
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