Moins connue que son partenaire politique, Sophiata Souffou a pourtant toujours défendu l’intérêt des mahorais, par une action de terrain. Gérante du célèbre douka sis au carrefour de Chirongui, elle a récemment pris la tête de Mayotte coopérative distribution MACODIS, un regroupement de doukas importateurs.
Avant ce renouvellement de mandat auquel il prétend, Ibrahim Aboubacar ne pouvait s’exonérer d’un bilan de son action parlementaire. Il le replace de manière globale dans le cadre de la départementalisation non aboutie de Mayotte, soulignée par la Cour des Comptes sous le terme d’un passage « mal préparé et mal piloté », qu’il impute intégralement à la droite de Sarkozy. Dont il a dénoncé le Pacte, « vide et fixant une départementalisation sur 25 ans ».
Le député PS qui ne s’est pratiquement jamais opposé au gouvernement Valls, a été très actif sur le document stratégique Mayotte 2025 dont il présidait un des ateliers, et auquel il a participé à donner un cadre législatif au sein de la loi Egalité réelle.
Arbitrages critiqués du cabinet de Valls
A l’assemblée nationale, il est membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, membre de la commission des Affaires européennes et membre de la Délégation aux Outre-mer.
Son activité parlementaire ne le classe pas dans le haut du tableau des députés, avec 107 semaines d’activité sur 47 mois de mandat et 896 amendements signés, ce qui le place parmi les 150 derniers. Ce qui n’est pas anormal pour un député ultramarin, donc éloigné de la métropole, le Réunionnais Thierry Robert fait notamment moins bien que lui, en dehors des amendements signés et adoptés. Ibrahim Aboubacar a malgré tout réussi à faire passer 267 amendements. Il évalue à 500.000 euros les subventions versées aux associations au titre de sa réserve parlementaire. Seule celle de 2016 n’a pas été débloquée.
Il a fait partie du pool d’élus qui ont obtenu de Manuel Valls des engagements à hauteur de 50 millions d’euros en gage de rattrapage du retard d’investissement à Mayotte. Il en a assuré le suivi, qui n’est pour l’instant pas à la hauteur des promesses, ce qui avait occasionné de la part du député une des rares prises de position contre les arbitrages du cabinet de Manuel Valls. Mais malgré tout pas jusqu’à cosigner le communiqué critique des présidents du CD et de l’Association des maires.
Opposé au libellé du référendum de 2009
Il avait été le premier à s’opposer au libellé du référendum de 2009 qui évoquait « une collectivité unique appelée département », et prépare avec les autres élus du département, une proposition pour évolution statutaire de Mayotte, Département + Région. Un bilan que l’on peut lire dans le détail en cliquant ici.
Une action qu’il poursuivra annonce-t-il lors de la présentation de son programme conjoint avec Sophiata Souffou. Comme il nous l’avait expliqué, bien qu’investi par le PS, il souhaite apporter tout son soutien à la majorité présidentielle, et pour éviter une éventuelle cohabitation « En plus des défis que nous avons, le terrorisme, ressouder l’Europe, l’économie, imposer une tension permanente à la tête de l’Etat par une cohabitation n’irait pas dans l’intérêt du pays », avait-il déclaré au JDM.
Assises de l’immigration
Il prend en compte le vote massif des Mahorais pour Marine Le Pen, 42%, ce qui « exige de considérer de nouvelles réponses à deux préoccupations majeures qui traversent la société mahoraise depuis deux ans : l’insécurité et l’immigration illégale », pour lesquelles il préconise des assises locales et « l’impunité zéro pour tous les actes de délinquance et de criminalité (qui) doit être la règle pour tout le monde ».
Mais à l’image de son premier mandat, c’est sur le cadre de la départementalisation qu’il compte poursuivre son combat, en terme de transfert des compétences, de régularisation du foncier, et de gestion des Fonds européen par la Région, et non plus par l’Etat qui en a l’autorité de gestion.
Enfin, il place le développement de Mayotte dans la logique de la loi Egalité réelle, insistant sur le nécessaire rattrapage des infrastructures déficientes, « eau potable, réseaux informatiques et routiers », toujours selon le calendrier prévu par « Mayotte 2025 ». Programme à lire ici.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte