« Le kwassa pêche peu, il ramène du Comorien ! »… La blague douteuse du président Macron

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Capture d'écran Macron kwassaUne blague de mauvais goût de l’avis de tous les médias nationaux qui relayent massivement l’écart de langage du président de la République. Des médias qui se souviennent tout à coup que ces embarcations existent et qu’elles peuvent faire naufrage. Qui ont habituellement peu d’écho au national.

Replaçons la phrase dans le contexte. Emmanuel Macron est accueilli jeudi au Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage atlantique (CROSS) d’Etel dans le Morbihan. Son interlocuteur, un gradé de la Marine nationale qui a manifestement entendu parler de cette partie ouest de l’océan Indien qu’est l’archipel des Comores, évoque d’abord les « tapouilles » (bateaux brésiliens), puis les kwassas-kwassas. « Non c’est à Mayotte les kwassas kwassas », rétorque le président, avant de rajouter en s’esclaffant, « mais le kwassa kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent ! » La scène a été repérée par l’émission « Quotidien ».

Un bateau assimilé à l’immigration

Emmanuel Macron à Mayotte le 25 mars dernier
Emmanuel Macron à Mayotte le 25 mars dernier

Le kwassa est un bateau sommaire où les migrants comoriens s’entassent pour rejoindre Mayotte depuis l’île d’Anjouan.

Dans le tweet du journal Le Parisien, l’extrait vidéo est suivi d’un résumé des derniers naufrages. Un parallèle qui fait plonger à coup sûr dans l’indignation. Les arrivées de kwassas sont quasiment quotidiennes et se concluent heureusement rarement par un naufrage.

Si les propos sont condamnables, c’est plutôt par l’utilisation à ce moment là de l’article « du » dans la bouche d’un président de la République, comme s’il s’agissait de marchandise, « du Comorien », comme on aurait dit « du manioc ». Outre que cette assimilation nie la misère humaine qui pousse à l’immigration, elle banalise le fait migratoire, tant on peut se demander si l’Etat français compte prendre un jour des mesures pour y remédier. Ce dérapage verbal l’y incitera-il ?

Plus qu’une blague de mauvais goût, c’est une faute que vient de commettre Emmanuel Macron qui ne pouvait pas ignorer qu’il était filmé.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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