Il ne faut jamais perdre espoir. Le dicton s’applique parfaitement au futur pôle d’excellence agricole dont la 1ère pierre est posée ce lundi par le président du département. Il a fallu attendre près de 12 ans après le lancement du projet, pour qu’il soit sur le point de se concrétiser. A ceux qui en doutent à juste titre, Mayotte terre de projets, peut donc aussi être une terre de réalisations. C’est «la démonstration que Mayotte peut conduire à bien des projets d’envergure européenne», se félicite Soibahadine Ibrahim Ramadani.
Le complexe, dont le chantier démarre officiellement, est spécialement conçu pour les quelques 200 producteurs d’ylang-ylang et de vanille, réunis dans l’association Appapamay. Il va s’élever à Coconi et réunira sur un même site, des outils de production, de recherche, de transformation et une plateforme de préparation à l’export et à la vente directe. Pour le président du département, il sera «un atout considérable au cœur de la commune de Ouangani connue et reconnue dans le domaine de la filière» des plantes à parfum.
Tout a commencé en 2005, lorsque l’Etat a voulu créer des «pôles d’excellence rurale» (PER). Sur le modèle de ce qui existait déjà dans les espaces urbains avec les «pôles de compétitivité», l’ambition de ces PER était de soutenir le développement économique des territoires ruraux et la création d’emplois. Mais il en a fallu du temps pour que l’idée se transforme en projet puis en chantier, «un projet de longue haleine», constate le président.
Recherche et économie
En 2009, des assises des territoires ruraux, puis les travaux menés l’année suivante par un groupe d’acteurs du développement agricole de Mayotte, ont jeté les bases du complexe : ce sera un pôle de valorisation de l’ylang-ylang, de la vanille et des plantes à parfum et arômatiques. Il sera constitué de 4 zones distinctes. D’abord, un pôle recherche abritera un laboratoire sur 130m2. Ensuite, un pôle économique disposera d’une plateforme de réception de marchandises, de pesées, d’un espace de conditionnement et d’un atelier de distillation avec des alambics de plus de 1.000 litres sur 290m2.
Pour promouvoir la filière, un 3e pôle sera consacré aux activités touristiques, avec 310m2 pour une zone d’accueil, boutique, dégustation, avec une terrasse et des salles d’expositions permanentes et temporaires.
Enfin, une dernière zone sera structurée autour d’un jardin et d’un chemin de découverte de plantes à parfum, aromatiques ou encore médicinales.
4,6 millions pour un agropole de référence
De conventions financières et en réévaluations du coût du projet, l’ensemble représente aujourd’hui un investissement de 4,6 millions d’euros (50% de plus que le projet de 2012), financé à 42% par le département et à 58% par des aides d’Etat, en particulier du fond national d’aménagement et de développement du territoire (FNADT), de fonds ministériels, du contrat de projets Etat-Région (CPER) et l’ODEADOM, l’office de développement de l’économie agricole des Outre-mer.
Pour le département, ce PER doit «nourrir un agropole local en projet su toute la zone de Coconi», indique le président Ibrahim Ramadani. Il y imagine, à terme, des créations d’emplois techniques, commerciaux et touristiques, des travaux de recherches en particulier sur de nouveaux procédés de distillations sur le jasmin ou encore la préparation à des formations supérieures dans le domaine des plantes remarquables.
Trouver le bon fonctionnement
Soibahadine Ibrahim Ramadani compte aussi sur ce pôle pour afficher «l’excellence et la spécificité mahoraises par rapport aux autres pays producteurs en termes d’innovation dans le domaine des plantes à parfum».
Le chantier démarre mais tout n’est pas encore réglé. «Au-delà du démarrage effectif des travaux d’investissement, une réflexion doit être conjointement menée par les services de l’Etat et du département pour définir les modalités de fonctionnement du PER et la structure qui sera chargée de sa gestion». L’outil sort de terre mais le bon dosage des arômes pour le faire fonctionner est encore à inventer pour prouver qu’effectivement, Mayotte est aussi l’île du concret.
RR
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