Vont-ils pousser un ouf de soulagement les abonnés du sud ? « Les 8 communes impactées par les coupures seront exonérées du paiement des factures sur la période de rupture d’approvisionnement en eau potable, c’est à dire du 16 décembre 2016 au 7 avril 2017 », informe le président du Sieam, Mouhamadi Bavi. Il n’est pas prévu de rembourser les bouteilles d’eau que les habitants ont du acheter par contre. « Les clients qui avaient réglé leurs factures obtiendront un avoir, et ne paieront rien sur les prochaines ». Seul l’assainissement sera à régler.
Il faut dire qu’ils le demandaient à corps et à cris en passant par leur Collectif des Assoiffés du Sud, en raison de la non potabilité de l’eau lors des remises en eau, 1 jour sur 3, puis 1 sur 2, lors de l’épisode sécheresse. « Cela va nous impacter à hauteur de 800.000 euros, souligne le président du Sieam, et notre délégataire SMAE à hauteur de 1,7 million d’euros. » Le contrat de la DSP est justement en cours de négociation. Une perte sèche de 2,5millions d’euros donc, qui va inciter le Sieam à ne plus tomber dans la rupture d’approvisionnement.
Le principal ouvrage qui doit y participer est la 3ème retenue collinaire d’Ourovéni, dont on entend parler depuis prés de 10 ans. Sans parvenir à régulariser le foncier. Elles sont 200 familles à se partager les 54 hectares de terrain qui doit accueillir l’ouvrage, dont des indivisions. La signature d’un accord avec la famille Bamana n’avait été qu’un espoir de courte durée, « le terrain fourni ne leur convenant pas et le conseil départemental n’étant pas parvenu à jouer les conciliateurs », glisse Bavi.
« Pas de coupures d’ici la fin de l’année »
On troque dans ce dossier la fanfare pour l’artillerie lourde avec la décision d’une Délégation d’utilité Publique (DUP) : « Le préfet va pratiquer ce qu’on peut appeler une expropriation en proposant un prix fixé par le Domaine. Si les familles refusent, c’est une décision judiciaire qui les contraindra. On en a marre, rien n’avance ! », lâche Bavi. Le Sieam dispose des 6 millions d’euros pour acheter le terrain, sur un investissement total de 25 millions d’euros. Mais les négociations ayant pris du retard, et la procédure engagée étant très lourde, aucune date n’est véritablement donnée.
Selon le président du Sieam, il n’y aura pas de coupure d’eau d’ici la fin du mois de novembre, « d’ici la fin de l’année même », rajoute-t-il généreusement. Jusqu’à la prochaine saison des pluies donc. Les niveaux des retenues collinaires sont de 104% à Combani, inchangé donc depuis plusieurs mois, et 50,3% à Dzoumogné « où on a commencé à prélever depuis 2 à 3 semaines ». A Combani, le captage suffisait jusqu’à présent.
La nouvelle campagne de 4 forages est lancée, à Dapani, Acoua, Majimbini et Gouloué, ainsi que l’interconnexion dans le sens Dzoumogné-Combani. Des études pour effectuer d’autres forages sont en cours.
Des usines de dessalement mobiles
Et ça va dessaler sec, ou plutôt mouillé, à Mayotte ! L’agrandissement de l’usine de dessalement de Petite Terre va permettre de passer de 2.000 m3 par jour à 5.000 m3, « et nous allons mettre en place des usines de dessalement mobiles. Des machines placées dans des containers vont filtrer l’eau pour l’envoyer une fois dessalée dans le réseau. » Le chiffrage est en cours. De même que la phase d’étude de l’implantation d’une usine de dessalement dans le sud.
Les 104% de Combani ne tiennent pas du miracle mais d’un rehaussement provisoire de 30 cm qui sera définitif avec un mètre supplémentaire, validé par expertise, portant la contenance à 400.000 m3 supplémentaire du 1,5 million de m3, soit un gain de plus d’un mois de consommation d’eau.
En creusant, tirant de l’eau dans le lagon, et agitant les bâtons de pluies, on va bien finir par assurer la consommation annuelle des habitants ! « Mais elle était prévue au Schéma directeur de l’eau pour s’accroitre de 10% en 5 ans, or on en est à 50% sur la même période », lance Bavi qui s’érige en Grand bâtisseur : « Rien n’a été fait depuis que le conseil général a délégué en 2014 la gestion de l’eau aux communes ! »
Tous ces travaux étant inscrits au Plan d’urgence sur l’eau de 70 millions d’euros approuvé par l’ancienne ministre Bareigts. Qui évoquait, sans le budgétiser, un certain tanker, dont l’eau doit croupir depuis qu’il est annoncé…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte