L’épée de Damoclès suspendue au dessus de la tête du président de la Chambre des métiers et de l’Artisanat, a été rangée dans son fourreau : la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux dans son jugement du 13 juin dernier confirme les résultats de la Chambre consulaire du 14 octobre 2016. Le litige portait sur la présence de l’unique artisan d’art de l’île sur leur liste, « c’est simplement un titre, qui ne conditionne pas la validité d’une liste », commentait Jean-Denis Larroze, Secrétaire général de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA).
Une structure connectée puisque d’ici le mois prochain la Chambre sera reliée à la fibre optique, « pour un débit 10 fois plus important », espère Jean-Denis Larroze.
Mais une structure encore lilliputienne avec 3.411 adhérents, dont 48,8% dans le BTP, 34,2% dans les services, 12% dans la fabrication, et 4,6% dans l’alimentation, et son budget de 1,20 million d’euros, dont 750.000 euros de subventions. Le nombre de création d’entreprises est stagnant, « nous sommes au niveau de 2013 », commente le président Salim Soumaila.
Il faut mettre la boucherie avant les bœufs
Il y a plus d’artisans 86,37%, que d’artisanes, 13,68%, « c’est pourquoi nous organisons un petit déjeuner le 5 juillet avec une cinquantaine de femmes artisans, des représentants du conseil départemental et des maires, pour évoquer leurs problèmes de financement. » Et ils sont davantage concentrés à Mamoudzou, à 37%, Dzaoudzi, Pamandzi ou Sada, moins à Acoua, à 1,14%, ou Kani Keli.
Depuis 2014 et le passage sous financements européens, la CMA a connu comme ses consoeurs du Commerce ou de l’Agriculture, un trou d’air par manque de finances départementales, désormais impossibles sur les filières soumises à la concurrence. « A La Réunion, ils peuvent compter sur 22 millions d’euros de budget, soit 18 fois plus, pour 7 fois plus d’artisans », compare-t-il.
Il pointe la grosse responsabilité du Conseil départemental qui n’assure pas sur sa partie formation initiale : « La section boucher est arrêtée, elle n’était plus financée. Un élu m’a lancé, ‘mais il n’y a pas de boucherie ici !’. Continuons donc à découper les zébus au bord des routes ! ». C’est en effet l’offre qui créera la demande.
Une Mahoraise meilleure CAP de la Nièvre
Un secteur de l’apprentissage qu’il espère pouvoir faire financer par les fonds européens : « On espère en juillet 2018, pouvoir aligner plusieurs filières, dont la boucherie, la poissonnerie ou la pâtisserie. Nous avons déjà obtenu 70% de crédit FSE, 10% de Pôle emploi, mais le conseil départemental n’a pas signé son co-financement de 20%. Et pourtant, tous nos apprentis-boucher ont trouvé un emploi en démarrant avec 1.800 euros par mois. Et le meilleur CAP de la Nièvre a été décroché par une jeune Mahoraise de Bouéni ! Alors qu’ici, sans bus scolaire, elle devait se lever très tôt. Mais elle en voulait. »
Sur la formation continue, la machine semble avoir trouvé son second souffle : « L’Etat a reconnu sa faillite dans l’absence de mise en place du Conseil de la Formation où doivent siéger 7 élus, un représentant des Finances publiques, et un émissaire du gouvernement. En attendant sa régularisation cette année, nous percevons l’équivalent de son financement, soit 135.000 euros par an, pour 155 artisans formés en 2016. » Une avancée qu’a facilité le nouveau SGAR, le Secrétaire général aux Affaires régionales de la préfecture, donc l’équipe quitte Mayotte.
Un pied qui fait boule de neige
Surtout que les exigences de niveau et de réglementation vont croissant, « notamment pour les taxis, qui passent pour l’instant à travers, mais un jour, ça arrivera ici aussi. » Ils sont 600 à avoir une autorisation d’exploitation selon la CMA, puisqu’il n’y a pas de licence de taxi à Mayotte. Le quotta n’évolue pas dans la perspective de la mise en place du transport en commun.
C’est assez désabusé sur le désengagement du Département que Jean-Denis Larroze égraine les chiffres des l’artisanat en France : « 1,2 million d’entreprises, 3,4 millions d’emplois pour 300 milliards de chiffre d’affaire dégagé ».
Surtout qu’il suffit d’un pied à l’étrier, qui peut faire boule de neige : « Plus on accompagne d’artisans qui vont créer leur commerce, plus nous percevrons des taxes pour proposer de nouvelles formations. Ainsi, nous avions perdu 200.000 euros de financement du conseil départemental en 2014, rattrapés en partie par 100.000 euros de taxes sur les entreprises depuis l’année dernière », explique le président.
« Aujourd’hui, il vaut mieux être artisan que Bac+10 », lance Jean-Denis Larroze, avant de lister les projets, « ficelés », qui devraient permettre l’accès à l’emploi à de nombreux jeunes, et qui n’attendent plus que des co-financements, et sur lesquels nous reviendrons
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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