Le rendez-vous est organisé depuis 10 ans mais il n’avait encore jamais accueilli un président de la République. Ce mardi soir, pour la 1ère fois, un chef de l’Etat a répondu à l’invitation du CFCM, le Conseil français du culte musulman, à un mois de la fin du mandat de son président Anouar Kbibech. Emmanuel Macron, accompagné du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, également chargé des cultes, est venu fêter ce rituel avec la volonté de faire passer un message, le premier sur l’islam depuis son élection.
Le président a d’abord rappelé que les «terribles attaques terroristes» de ces derniers mois avaient pour «objectif évident de créer entre les Français de toutes croyances et de confession musulmane une déchirure profonde» et «de donner de l’islam, l’image d’une religion cautionnant le meurtre et la terreur». Le président de la République a mis des mots sur ce constat : une «perversion de l’image de l’islam».
Il a ainsi salué les prises de positions d’Anouar Kbibech et des «autorités musulmanes fermes dans leurs convictions, solides dans la dénonciation de ces crimes. Pas une fois le CFCM n’a fait défaut», a rappelé le chef de l’Etat parlant d’une «attitude exemplaire», qui «doit être celle de tous les acteurs de l’islam sur l’ensemble du territoire». «Grâce à vous, ce combat pour maintenir l’unité nationale a été remporté et nous avons su tenir collectivement la voix de la raison».
«C’est pour cela aussi que je suis là ce soir, à vos côtés. Et voir l’ensemble des représentants des différents cultes, présents avec vous, dans cette fraternité manifeste est la meilleure preuve que le peuple français, quelles que soient les religions, les convictions philosophiques est uni et, en ces matières, indivisible», a-t-il ajouté.
«Contre le fanatisme et sa diffusion»
Pour autant, pour Emmanuel Macron le combat pour maintenir cet esprit de fraternité est encore devant nous: «Nous vivons une époque où tout est là pour nous diviser, où tout peut s’effondrer, les risques géopolitiques, les fractures qui s’ouvrent, les béances régionales intra-religieuses qui se jouent dans d’autres continents et le doute qui a gagné notre société. Notre défi est, bien sûr, sécuritaire, face au terrorisme qui sévit, mais il est aussi moral et civilisationnel. Et dans ce défi, votre rôle est immense, tout comme votre responsabilité. Face à cette responsabilité, il y aura celle de l’État et des pouvoirs publics. Et ma présence ici, ce soir, à vos côtés, n’est là que pour vous remercier. Face aux responsabilités immenses qui nous attendent, vous m’aurez à vos côtés.»
Personne ne peut faire croire que votre foi n’est pas compatible avec la République.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 20 juin 2017
Parmi ces responsabilités se trouvent évidemment «le combat contre le fanatisme et sa diffusion». «Notre combat déterminé contre le terrorisme de Daech et l’idéologie totalitaire qui le supporte doit nous conduire avec détermination à lutter contre ceux qui cherchent à faire de vos lieux de culte et de transmission, de votre tradition religieuse, des lieux de prêche de haine, voire d’appel à la violence».
Un «combat de la pensée et de la foi»
Il a appelé les musulmans à «combattre pied à pied sur le terrain théologique et religieux, démasquer chaque fois que nécessaire, l’usurpation de vos valeurs». Un «combat de la pensée et de la foi» qu’il faut poursuivre «sur le terrain, en particulier auprès des populations les plus jeunes dont nous savons tous qu’elles ont des réticences à passer les portes de vos institutions».
Et le président d’affirmer que «la République vous aidera dans cette tâche dès qu’il conviendra de prendre des mesures coercitives pour que cessent ces détournements, mais elle ne peut se substituer à vous sur le terrain théologique et religieux à votre indispensable travail.»
Le chef de l’Etat a également rappelé l’importance de la formation, pour éviter une «pratique de l’islam organisant une ségrégation au sein de la République et contre tout ce qui façonne un repli identitaire, parce que fonder son identité politique et sociale sur sa seule foi, c’est, au fond, admettre que sa foi n’est pas compatible avec la République». Pour Emmanuel Macron, «personne en France ne peut faire croire que votre foi n’est pas compatible avec la République, personne ne peut faire croire que la France et les Français rejetteraient sa composante de foi musulmane. Personne ne peut demander à des Françaises et des Français, au nom de cette foi, de se soustraire aux lois de la République.»
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