Annulation des Assises de la coopération franco-comorienne : la fin de l’ambiguïté ?

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Pancarte revendicative à Moroni (Grande Comore)
La résidence de la présidence Beit Salam à Moroni
La résidence de la présidence Beit Salam à Moroni

Les fervents prêcheurs de la coopération entre Mayotte et l’Union des Comores comme solution aux drames nautiques et à l’immigration massive, ont toujours avancé hors diplomatie. Un système qui fonctionne bien entre les entreprises qui ont signé des partenariats économiques.

Et qui avait été amorcé entre les élus des collectivités locales. A ce titre, les « Assises de la Coopération décentralisée franco-comorienne » étaient prévues depuis de nombreux mois, nous indique dans un communiqué l’Association Maires de Mayotte, expliquant qu’elles étaient co-organisées par l’Association Nationale des Maires des Comores et l’Ambassade de France en Union des Comores.

La position douloureuse du président Azali

Or, le président Azali des Comores avait fait savoir la semaine dernière que la délégation mahoraise sous sa bannière tricolore n’était pas la bienvenue. Puis, revenant sur sa décision « à la suite d’un échange téléphonique avec le Président de la République Emmanuel Macron », précise l’AMM, il s’était ravisé pour approuver la participation de la délégation mahoraise à ces rencontres. « Pour la première fois depuis plus de 40 ans, des élus mahorais allaient enfin pouvoir se rendre à Moroni pour travailler à la coopération régionale avec les Comores », regrette les élus mahorais dans leur communiqué.

Mais tard ce lundi soir d’Aïd, le Président de l’Union des Comores a fait volte-face et décidé d’annuler carrément la tenue des Assises à Moroni. Une position délicate que celle d’Azali Assoumani, qui, face désormais à la position de fermeté de la France, doit ménager la chèvre et le chou chez lui. Assis entre la chaise de la reconnaissance du choix des Mahorais de rester français, et celle d’une Mayotte voulue comorienne par son électorat. En jeu aussi, les fonds français de financement au développement.

Personne ne veut baisser les bras

Saïd Omar Oili aux côtés d'Emmanuel Macron ele 27 mars lors du meeting à Labattoir
Saïd Omar Oili aux côtés d’Emmanuel Macron le 27 mars 2017 lors du meeting à Labattoir

L’AMM se réjouit de la « solidarité » de la France « pour maintenir la participation de Mayotte à l’événement ». Un point cher à Saïd Omar Oili, président de l’AMM, qui a du défendre à de multiples reprises la position de l’alors candidat Emmanuel Macron. A Mayotte, et à Dzaoudzi, il avait eu l’audace d’avancer un Plan de développement pour les Comores, intentionnellement déformé comme un argument pro-comorien, avec une amnésie tout aussi intentionnelle sur l’autre partie de la proposition, à savoir une aide structurelle massive à Mayotte et à la Guyane.

Saïd Omar Oili évoque un travail entamé en octobre dernier à Mayotte, « nous accueillions les élus locaux comoriens pour un congrès sur l’insularité. » Les élus Mahorais évoquent alors « un gâchis », « au vu des récents événements, les conditions d’un rapprochement souhaitable et souhaité par de nombreux élus de Grande Comores, d’Anjouan, de Mohéli et de Mayotte doivent être réétudiées. »

Pour y arriver, il faut nommer des médiateurs neutres, et tisser, hors médiatisation, des liens dépassionnés entre professionnels. L’Association des Maires de Mayotte mise sur l’organisation d’un nouveau Haut Comité Paritaire (HCP), qui « permettra le dialogue entre autorités comoriennes et françaises sur le dossier coopération franco-comorienne. »

Et restent optimistes : « Rien n’est encore terminé. De nouvelles actions pour favoriser le rapprochement entre nos peuples seront encore à mener. Pour celles-là aussi, l’AMM sera en première ligne. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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