La Course de pneus, c’est LA course de Mayotte. Saluons la ténacité de la préfecture qui aurait pu faire preuve de frilosité après les violences de l’année dernière. L’édition avait été interrompue par des hordes de jeunes cagoulés, jetant cailloux et morceaux de verre sur la chaussée et les coureurs. « La préfecture nous a donné le feu vert cette année sous réserve d’une renforcement des forces de l’ordre », nous explique Laurent Mounier, directeur d’Angalia, organisateur pour la 10ème année de la course.
Le long du parcours, les forces de l’ordre se veulent discrètes mais sont bien présentes, et en fin d’après-midi, le commissaire Jos et la directrice de cabinet du préfet, postés au départ, dressaient un bilan positif : « Nous avons déployé un escadron de gendarmes mobiles (76 gendarmes, ndlr), 50 fonctionnaires du commissariat, auxquels viennent se rajouter 25 policiers municipaux. Le BSMA assurait l’encadrement autour des coureurs. »
Le matin, ce sont les enfants qui inauguraient cette 34ème édition de la Course de pneus, qui consiste à pousser un pneu savonné à l’aide de deux grands bâtons, loisir ancien à Mayotte et que Jack Passe avait eu l’idée d’institutionnaliser en compétition. Victime de leur succès, les organisateurs ont été obligés depuis quelques années de faire passer des préqualifications, opérations qui a pour mérite de faire participer l’ensemble des jeunes de l’île.
Les jeunes des quartiers sollicités
Quatre courses en intercommunalité se sont ainsi déroulées au cours de l’année, à Acoua, Sada, Boueni, et Pamandzi (Petite Terre), permettant à 20 garçons et 20 filles de se sélectionner à chaque fois. S’alignaient donc successivement sur la ligne ces 160 enfants, « auxquels il faut rajouter 400 jeunes des différents quartiers de Mamoudzou », indique Laurent Mounier. 76 équipes de 5 adultes se succédaient tout au long de l’après-midi.
Outre les effectifs de police, il a sollicité les jeunes des quartiers à travers leurs associations pour surveiller le bon déroulement de la course, « ils sont une centaine. Wenka culture était déjà notre partenaire, et cette année sont venus lui prêter main forte, Action coup de pouce, la MJC de M’gombani et Espoir er réussite ».
Le départ était donné devant la MJC de Mtsapéré avec une arrivée sur la place de l’ancien marché, où une scène musicale ouverte permettait à chacun de faire partager ses compétences en proposant 2 ou 3 morceaux, avec plus ou moins de bonheur… Mais avec une ambiance chaleureuse de bout en bout, et une place noire de monde.
Une course écolo
A l’arrivée, bâtons et pneus sont balancés par des coureurs exténués, et consciencieusement ramassés par les équipes municipales, « nous les envoyons ensuite chez Enzo recyclage », expliquent-ils. Ce sont prés de 1.000 pneus qui en prendront le chemin… et donc autant en moins dans la nature !
Chez les hommes, les plus rapides collectivement ont été « Les vainqueurs », puis les « 5 Schumachers » et en 3ème position, « Les 5 mousquetaires ». Chez les filles, les vainqueurs sont les « Garfldes », suivies par les « petites chatouilleuses » et par « Les tortues ».
Les meilleurs pousseurs de gros pneus ont été les « Wa gros pneus », suivis par les « Dopage », et les « Futur gros pneus ».
Dans la catégories Big mama, les premiers sont justement les « Big mamas », puis « les bigs mamas du collège », et en 3ème, « les big mamas de Anthou ».
Chez les enfants, pour les garçons, c’est Farat qui l’emporte pour la 2ème année, et Zorahida pour les filles.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte