Économie informelle : deux tendances contraires à Mayotte

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Tout d’abord, alors que la culture locale penche plutôt en faveur de l’utilisation du bas de laine que vers la souscription d’un compte en banque, on voit que le nombre des dépôts est en forte hausse : ce sont 68 millions d’euros supplémentaires qui ont été déposés, des collectes en hausse de 13,6% vues d’un bon œil par les banquiers, qui se plaignent de ne pouvoir prêter faute de dépôts suffisants. A corréler avec l’augmentation des dépôts à vue de +33,6%.

A Mayotte, le moteur de l’économie reste la consommation des ménages qui agit sur les crédits à la consommation, +19,3% sur un an, contre 12,4% en 2015. Et sur l’émission de billets, comme l’explique Daoulab Ali Charif, Responsable du service Etudes, Entreprises, Etablissements de crédit, Particuliers et Communication à l’IEDOM : « Contrairement à la métropole où on détruit, ici nous avons émis 17,4% de billets supplémentaires en volume, ce qui donne une émission nette cumulée par habitant de 4.729 euros, +12% ».

Du liquide en grosses coupures

Une croissance continue des émissions de billets à Mayotte
Une croissance continue des émissions de billets à Mayotte

Cette émission nette de billet par habitant est de 1.500 euros en métropole, « la différence est liée à la place importante de l’économie informelle à Mayotte », où les échanges se font en liquide. A La Réunion et aux Antilles, elle avoisine les 2.500 euros, en Guyane 12.000 euros, « une forte présence de l’informel également dans ce pays. »

« Le poids plus important de la coupure de 500 euros dans les émissions nettes à
Mayotte (15,7 %) par rapport à l’Hexagone est probablement dû aux échanges extérieurs et à l’alimentation de l’économie informelle », constate l’IEDOM, quie rappelle que cette coupure ne sera plus émise à partir de fin 2018 par décision de la BCE du 4 mai 2016.

Constructions légales

Est-ce la conséquence de la médiatisation des nombreux procès pour travail au noir ? En tout cas, les habitants ont de plus en plus tendance à avoir recours à des crédits bancaires pour construire ou agrandir leurs habitations, en hausse de 9,2% en 2016. « Ce secteur est en train de se formaliser, avec des recours croissant aux entreprises déclarées. »

Même tendance pour le marché de l’emploi qui voit gonfler le nombre des chômeurs, et se rétrécir le halo, zone d’incertitude des personnes en âge de travailler mais non inscrites au chômage : « La hausse de 8% des chômeurs en 2 ans est à mettre au crédit d’une régularisation des situations de personnes notamment motivées par l’obtention d’allocations. Nous nous rapprochons ainsi doucement des modèles classiques. » L’IEDOM note que 400 offres d’emploi ne trouvent pas preneurs sur l’île, faute compétences adaptées.

Donc si l’habitat ou le marché de l’emploi ont tendance à se formaliser, une partie de la population, sans doute en situation irrégulière, continue à avoir massivement recours aux marchés parallèles, une tendance qui n’est pas prête à se calmer.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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