Le savoir contre l’extrémisme islamique et la déliquescence de la société Mahoraise

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Les conférenciers Ahmed Jaballah, Bajrafil Mohamed-Soyir et Larbi Becheri
Les conférenciers Ahmed Jaballah, Bajrafil Mohamed-Soyir et Larbi Becheri

Le savoir, c’est au fond, le point essentiel transmis notamment par Bajrafil Mohamed, secrétaire général du Conseil Théologique Musulman de France : « Accumulez les connaissances, et sachez vous taire quand vous ne savez pas. »

Car le défi est de taille face à l’extrémisme qui touche aussi Mayotte selon le président du Département, Soibahadine Ibrahim Ramadani : « Un fondamentalisme grandissant menace la société en général, et à Mayotte, de plus en plus de sensibilités se réclament d’un islam que nous ne connaissons pas, avec des volontés de légitimité et d’authenticité, accompagnées de violences verbales et physiques, ce qui brouille le message de l’islam. Il s’ensuit une perte de repères des croyants. »

Une évolution d’autant plus risquée pour Mayotte que, comme il le rappelait, c’est la communauté, y compris religieuse par les madrassas, qui participaient et participent encore à l’éducation des enfants.

La manière d’enseigner islam

"Le problème peut venir de la manière d'enseigner l'islam", pour Mohamed Bajrafil
« Le problème peut venir de la manière d’enseigner l’islam », pour Mohamed Bajrafil

La conférence sur l’islam à Mayotte doit donc selon lui participer à « définir les contours d’une ligne doctrinale pour le territoire autour de l’obédience sunnite de rite chaféite portée par nos confréries (…) et ainsi éviter que des fundis autoproclamés ne prospèrent ». Il demande à sa Direction de la cohésion sociale d’assurer la diffusion de cette contextualisation « en proposant des animations sur le territoire », et en attend beaucoup, « on espère un sursaut collectif en matière de pratique de la religion et pour répondre aux défis de la société contemporaine ».

Car pour Bajrafil Mohamed, le problème peut venir « de la manière d’enseigner l’islam quand il évacue le sens ou l’intelligibilité des textes enseignés ». L’apprentissage du Coran doit s’accompagner d’une explication de texte.

Et surtout, il appelait à une cohérence dans la manière de vivre la religion. « Faire sa prière en mini-jupe ou en caleçon est interdit, mais dans la hiérarchie des péchés, ce n’est pas plus grave que de mentir ou de dire du mal de quelqu’un, et pourtant, on le fait sans arrêt. »

La religion, un instrument dangereux quand il est détourné

Le président Soibahadine entouré par la directrice de cabinet du préfet et le Grand cadi
Le président Soibahadine entouré par la directrice de cabinet du préfet et le Grand cadi

Il l’illustrait d’un exemple diablement d’actualité. « Deux hommes s’en prennent à un couple. Ils tuent l’homme, et se dirigent vers la femme, enceinte, et l’éventrent. Ils aperçoivent plus loin un non musulman menant son troupeau de moutons. ‘Nous voulons t’en acheter, c’est combien ?’ Mais l’homme qui a vu le double assassinat, les supplie, ‘prenez-tout, je vous les donne’. Ils répliquent, ‘non, c’est haram* !’ Quoi ?! Ils ont tué, et ils prétendent être vertueux ensuite ! »

Un enseignement que l’universitaire poursuivait devant un cinéma Alpa Joe plein à craquer ce dimanche.

Le président du conseil départemental espère que s’ensuivra une structuration de la pratique de l’islam sur le territoire, « avec une clarification pour les maîtres coraniques, les fundis, les imams des mosquées et les cadis », et souhaite par la suite poursuivre les recherches, par exemple sur « les raisons qui ont poussé les Mahorais à choisir l’islam sunnite. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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