Peines de prison avec sursis pour les habitants-justiciers de Chiconi : Indignation du Collectif

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Tee-shirt du collectif
Le Collectif de Chiconi se concerte, sonné par le jugement
Le Collectif de Chiconi se concerte, sonné par le jugement

Des jeunes avaient volé et caillassé, et leurs victimes sont à leur tour devenus des agresseurs en les corrigeant. Un schéma sur le mode règlement de comptes que n’apprécie pas la justice qui vient de condamner trois habitants de Chiconi à de la prison avec sursis.

Après avoir eu une de ses maisons, squattée, son téléphone professionnel volé, ses fenêtres explosées, cet informaticien avait décidé d’une expédition punitive contre les 5 jeunes qu’il avait rapidement retrouvés. Avec quelques amis, il les amène dans un container équipé d’un matelas, après les avoir corrigés, l’un d’une gifle, l’autre avec le plat d’un coupe-coupe. C’est pour violences, enlèvement et séquestration en réunion, que les trois hommes se retrouvaient à la barre.

Pas d' »exception mahoraise »

"Nous sommes à bout!", lâchait la porte-parole du Collectif
« Nous sommes à bout! », lâchait la porte-parole du Collectif

Lors du jugement, le procureur les accusait d’avoir mené « une opération », refusant d’entériner la justice publique comme une « exception mahoraise ». Le tribunal le suivra dans ses réquisitions, condamnant deux d’entre eux à 12 mois de prison avec sursis, et le troisième à 4 mois avec sursis. Ils les condamnent en outre à verser au 1er jeune 3.000 euros pour préjudice moral, et 6.000 euros pour préjudice physique, au 2ème, respectivement 3.000 euros et 1.000 euros. Et 1.000 euros pour chaque préjudice aux autres jeunes. Les 5 victimes s’étant portées partie civile.

La portée des condamnations trouve un écho agité du côté du « Collectif pour le bien-être des habitants de Chiconi », « Fandzaria Maecha Chiconi Sohoa » : « Nous avons tous subi les agressions de ces jeunes, il y a au moins 20 plaintes contre eux. A quel moment l’Etat va-t-il les punir ?! Au lieu de ça c’est nous qui sommes punis deux fois, par leur violence, et par la justice. A Chiconi, ils pillent tous les jours les maisons, que font leurs parents ? Rien. Et l’Etat ne leur dit rien. Et leur avocat trouve ça normal, parce qu’ils ont des cases en tôle et nous des belles maisons. Nous sommes à bout ! »

Jugement clément pour les policiers

Les collègues des deux policiers à la sortie de la salle d'audience, ainsi que leurs deux avocats
Les collègues des deux policiers à la sortie de la salle d’audience, ainsi que leurs deux avocats

Ça s’est mieux passé en revanche pour les deux policiers mis en cause dans une affaire de coup d’achat de stupéfiant, qui avaient dissimulé des pièces utiles à l’enquête, dont un téléphone détruit, modifié les PV, mais où leur hiérarchie avait aussi été mise en cause. Le procureur avait requis pour chacun 6 mois d’emprisonnement avec sursis et l’interdiction d’exercer dans la police pendant 3 ans. La peine prononcée sera beaucoup moins sévère.

Le premier, aux états de service jusque là irréprochable, sera condamné à 5.000 euros dont 4.000 euros avec sursis, et interdiction d’exercer ses fonctions de police judiciaire pendant 3 ans. Hormis cette restriction, il reste donc intégré à la police nationale.

Le second est condamné à 3.000 euros d’amende, dont 2.500 euros avec sursis, avec la même restriction que son collègue sur les fonctions de police judiciaire. Cette condamnation ne sera pas inscrite au bulletin B2 de leur casier judiciaire.

« Le tribunal a tenu compte de la personnalité des prévenus, de la gravité des infractions, et des états de service », expliquait le juge Banizette.

Une condamnation plus légère que les réquisitions qui satisfaisait un des avocats, Me Yanis Soihaïli, à la sortie de la salle d’audience : « C’est un jugement correct. »

Enfin, l’affaire qui jugeait le directeur de la SCEA MAJWAYI, ex-SCAM, pour des heures qu’auraient effectué un salarié sans être payés, s’est soldé par une relaxe « au bénéfice du doute », relevait le juge Banizette, « le tribuynal estime que la gestion de la société laisse fortement à désirer mais il n’existe pas de preuve suffisantes pour prouver une culpabilité. »

A.P-L.
Le Journal de Mayotte

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