C’est à cette réflexion qu’étaient invités par la CCI plusieurs intervenants comme Electricité de Mayotte (EDM), les directions Innovation et Développement durable du conseil départemental, des communes dont le DGS de Dembéni, la DEAL, etc.
Pour les guider, Rémi Moriceau, directeur de la Recherche et Développement de BH Technologies, exposait les récentes avancées dans ces domaines, et Laurent Georgeault, Responsable du service développement durable de la CCI, animait les échanges.
La recherche d’innovations, peut aboutir à une remise en cause de l’existant, ou du moins, en faire remonter les failles. C’est le cas de l’éclairage public. La difficile position des communes était mise en avant : « Elles ont des subventions pour mettre en place l’éclairage public photovoltaïque, mais pas pour en assurer l’entretien. »
Les aides ponctuelles à l’investissement les mettent en réalité dans une position délicate lorsqu’il faut gérer le matériel en continu. « Le fonctionnement, c’est le même bloc comptable que les salaires, on a déjà du mal ! », faisait remarquer l’une d’elles. Un modèle qui englobe la globalité des coûts dès le départ, quitte à avoir un montant important, paraît avoir la préférence de tous. Les participants avaient malgré tout du mal à revisiter complètement les modèles en place.
Déposez vos déchets dans les rayons
Laurent Georgault leur proposait une expérience novatrice dans le domaine des déchets, tentée par le Syndicat Mixte Intercommunal de Collecte et de Valorisation du Libournais (SMICVAL,), prés de Bordeaux (Gironde). Partant d’un postulat, « pour traiter 10.000 tonnes de déchets, il faut créer 10 emplois, pour travailler à leur réutilisation, 100 emplois sont nécessaire », le syndicat mixte propose une solution : le supermarché inversé.
Vous voulez vous débarrasser d’un encombrant, d’un jouet, ou d’un objet cassé, il suffit de se rendre dans ce supermarché d’un nouveau genre, d’y prendre un cadi, et de déposer dans les rayons votre déchet. « Les objets sont ensuite récupérés. Et contre les déchets de jardin, vous pouvez même repartir avec du compost ! » Selon un des principes de l’économie circulaire, « le déchet des uns devient la ressource des autres ».
En découlent plusieurs suggestions, « mettre en place un Schéma de méthanisation qui prenne en charge les déchets d’éleveurs », ou « encourager un nouveau modèle économique basé sur l’usage plutôt que la propriété du bien »…
Mais les intervenants ramenaient vite ces bonnes intentions aux réalités de Mayotte, « seules deux sociétés sont habilitées sur le recyclage à Mayotte, et les déchets restent parfois plusieurs années sur le site du prestataire. Or, en matière d’impact sur l’environnement, le fournisseur du déchet reste responsable ».
L’insuffisance en éco-organismes certifiés était également pointée du doigt sur la problématique du carton, « on ne peut le recycler comme on le fait pour les canettes, le verre ou le plastique. » Mais bonne nouvelle, « le TriO carton, c’est pour l’année prochaine ! », apprenait-on.
Autre problème, la plateforme de compostage de l’ISDND (la décharge des déchets ultimes) de Dzoumogné semble sous-exploitée : « Il y a 5.000 m2 mais peu de déchets verts y sont apportés. C’est le même problème pour le centre de tri de la STAR »
Réfléchir à une meilleure utilisation du déchet n’est pas aisée quand les outils mis à disposition ne sont pas tous optimisés. Mais c’est une réflexion nouvelle qui peut rapidement se recycler en idées novatrices à Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte