Il y a eu La Réunion et Maurice où il n’a jamais été autorisé à se poser. Il y a Madagascar, qualifié de «calvaire». Mais le coup de grâce vient des Comores. L’Airbus A320 loué par Int’Air Île a vécu une saga aérienne hors norme qui devrait probablement s’achever rapidement… à moins d’un nouveau rebondissement.
Le dernier épisode est venu de l’Anacm (Agence comorienne de l’aviation civile), qui a déjà démontré sa grande capacité à nuire aux compagnies aériennes de son pays, par exemple avec AB Aviation. Cette fois-ci, c’est donc Int’Air îles qui est dans son viseur. L’autorité comorienne a dégainé deux réglementations qui représentent un véritable coup de massue pour la petite compagnie.
La première est un règlement ancien, connu de tous et rappelé à Int’Air Île le 5 juin dernier par courrier. Le texte prévoit que les compagnies nationales comoriennes ne peuvent exploiter un avion en location que durant une durée maximale de 6 mois. Dans les conditions actuelles, l’Airbus d’Int’Air Île ne peut donc plus être utilisé, alors qu’il est loué 340.000 dollars par mois à une société sud-africaine.
Deux choix s’imposent à la compagnie: le rendre ou l’immatriculer aux Comores. Quel que soit le regard que l’on peut porter sur cette réglementation étrange, le blocage pour Int’Air Îles est réel : l’appareil, basé à Pamandzi, assurait des liaisons avec Moroni, Dar-Es-Salam, Madagascar et Dubaï depuis fin juin : «Nous proposons 6 heures 30 de vol de Moroni à Dubaï. Aucune compagnie ne propose mieux. Nous sommes compétitifs en termes de prix et de bagages. On offre 46kg de bagages en soute et 10kg de bagages en cabine», indiquait alors Seffoudine Inzoudine. Un mois après, c’en est donc terminé.
Des bâtons dans les ailes
La compagnie Int’Air Iles annonce tout de même qu’elle continue ses liaisons dans l’archipel avec ses propres petits avions… Mais cette fois, ce sont d’autres dispositions que l’Anacm demande d’appliquer sur les conditions de vol. Le motif : «veiller à la sécurité et à la sûreté des comoriens».
Ainsi, depuis le 15 juillet dernier, une note explique qu’il est interdit aux compagnies aériennes de faire des vols dont les conditions météorologiques ne permettent pas de voir le sol. Les avions monomoteur (classés en transport public) n’ont également plus le droit de voler la nuit en Union des Comores, «sauf autorisation spéciale ou cas de force majeure sous condition préalable».
Ces avions ne peuvent plus non plus assurer des vols directs entre l’Aéroport de Moroni et celui d’Anjouan. Désormais, ils doivent longer les côtes de Grande-Comore, se diriger vers Mohéli et enfin prendre la direction d’Anjouan après avoir établi un contact radio…
L’Anacm parle d’un schéma de vol qui permet un «dégagement en cas de problème» vers une piste d’aéroport. Int’Air Îles dénonce une «aberration supplémentaire», un allongement des temps de vol et des surcoûts.
La Tanzanie et le Kenya aux Comores
Avec son Airbus A320, Int’Air îles aura donc connu bien des péripéties, dont un homérique bras de fer avec la Direction générale de l’aviation civile française (DGAC) pour la desserte de Mayotte et La Réunion. Du côté comorien, on dénonçait alors l’attitude française vécue comme une volonté de protéger Air Austral et sa filiale mahoraise Ewa. Mais cette fois-ci, c’est bien une compagnie locale que les autorités comoriennes décident de plomber au moment où le ciel de l’Union des Comores s’ouvre à de nouveaux opérateurs.
En effet, l’Anacm a annoncé qu’à partir du 1er août, Air Tanzania desservira Grande-Comore et Anjouan à partir de Dar Es Salam. La compagnie des «ailes du Kilimandjaro» opèrera deux fois par semaine, avec un avion Bombardier Dash 8-Q400 de 76 places et elle desservira également Mohéli rapidement.
Et ce n’est pas tout. Ce «cabotage» entre les îles comoriennes devrait également être assuré par une compagnie kényane, Blue Sky, «très prochainement», selon le ministère des transports.
Alors que le patron d’Int’Air Îles accuse l’aviation civile comorienne de vouloir «le saigner», la stratégie des autorités comoriennes vis-à-vis des compagnies nationales reste en effet bien difficile à comprendre.
PM
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