Le vide dans le ciel comorien : la fin d’Int’Air Îles, le mirage Air Corail

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L'Ambraer 120 d'Inter Iles Air, sur le point de devenir Int'Air Îles
L’Ambraer 120 d’Int’Air Îles

La clé sous la porte après 9 ans d’activité. Int’Air Iles a mis la clé sous la porte en cessant définitivement dimanche dernier à 17 heures toute exploitation y compris sur son réseau régional.

«Face à l’hostilité de l’Aviation civile comorienne à l’égard de notre société, nous ne sommes plus en mesure d’assurer nos missions dans la sérénité», indique le directeur général Seffoudine Inzoudine. La décision est intervenue après que la compagnie ait mis fin à l’exploitation de son Airbus A320, contrainte et forcée.

Les 130 salariés de l’entreprise sont en chômage économique depuis ce lundi 31 juillet. Toutes les agences ont fermé leurs portes. «Nous mettrons en place un service de mise en liquidation de la société qui entrera en contact avec tous les passagers qui ont des billets en cours de validité pour procéder aux remboursements», a fait savoir la compagnie.

Après AB Aviation, contrainte de renoncer à son Boeing 737, Int’Air Iles disparaît donc à son tour. Fondée en 2008 sous le nom d’Inter’Îles Air, rebaptisée en mars 2015 Int’Air Iles, la compagnie comorienne couvrait les quatre îles de l’archipel des Comores et Majunga. Elle avait relancé au départ de Dzaoudzi la desserte de Dar-Es-Salam interrompue au bout de six mois en raison de la taille insuffisante des appareils composant la flotte.

La compagnie mort-née Air Corail

Sa disparition laisse donc un grand vide de l’aérien comorien car elle intervient concomitamment à un autre échec. Sa naissance n’a même pas été officialisée que la nouvelle compagnie aérienne Air Corail a décidé d’abandonner son projet de vols directs entre les Comores et Marseille. Là encore, la raison invoquée est «l’hostilité» rencontrée sur place. «Compte tenu de toutes les réactions négatives voire hostiles au lancement du projet Air Corail», les porteurs du projet ont annoncé dans un communiqué qu’ils ont décidé de «renoncer à la création et au lancement de cette compagnie aérienne aux Comores».

L'aéroport Prince Saïd Ibrahim à Moroni
L’aéroport Prince Saïd Ibrahim à Moroni: les Comores se sont privées de compagnie aérienne nationale

«Nous le regrettons bien sincèrement car outre l’énorme travail effectué par notre petite équipe de cinq personnes, cette nouvelle compagnie long-courrier entre Moroni et Marseille constituait réellement l’élément manquant pour l’ouverture et le développement du pays », ont-ils expliqué.

Le projet était mené par Erick Lazarus, déjà engagé en 2003 dans Air Bourbon. Il s’agissait à l’époque de proposer des vols entre La Réunion et la métropole. La compagnie avait faillite un an plus tard. Un autre de ses projets de l’époque, ACI (Air Comores International), n’avait jamais abouti.

Feues les ambitions d’Air Corail

Air Corail entendait être reconnue comme la compagnie nationale comorienne et se targuait d’avoir obtenu le soutien du président Assoumani Azali. La compagnie prévoyait de mettre en ligne dès novembre prochain un Airbus A330-200, loué auprès d’Airbus, équipé de 40 sièges en classe affaires et 265 en classe économique. Elle annonçait l’ouverture des ventes ce mois-ci. Dans le catalogue des destinations, Marseille-Moroni-Plaisance (Maurice)-Moroni-Marseille, deux fois par semaine, un passage par Nosy-Bé et Djeddah une fois par semaine à des tarifs annoncés comme compétitifs.

L'Airbus d'Int'Air Îles
L’Airbus d’Int’Air Îles qui aura précipité la fin de la compagnie

A plus long terme, la compagnie visait l’Afrique du Sud, le Mozambique, la Tanzanie ou le Kenya. Une centaine d’embauches étaient annoncées, dont 17 pilotes et 48 PNC avec «un maximum de personnel local».

Encore un nouveau projet ?

Dès le dévoilement du projet le 28 juillet, Air Corail avait reçu un accueil mitigé aux Comores au point que ses promoteurs avaient été obligés de clarifier les choses. «Ce projet est initié en dehors de toute instrumentalisation du pouvoir en place. Air Corail est principalement axé sur les liaisons long-courrier au départ de Moroni et n’a jamais envisagé de s’immiscer dans le transport inter-îles.»

Ils apportaient aussi leur soutien à l’Agence nationale de l’aviation civile des Comores très critiquée. «L’ANACM et son dirigeant font un travail de réorganisation et de remise à niveau indispensable pour éviter aux Comores de figurer sur la liste noire du transport aérien. Nos relations avec l’agence sont strictement professionnelles.» Le projet présenté comme un «élément manquant pour l’ouverture et le développement du pays » est donc abandonné.

Les Comores se retrouvent donc sans compagnie aérienne : outre Int’Air Îles qui a mis fin à ses opérations le weekend dernier, AB Aviation a perdu sa licence d’exploitation. Comme toujours aux Comores, des rumeurs circulent sur un nouveau projet, qui serait mis en place… par des proches du pouvoir.

PM
www.lejournaldemayotte.com
avec le JIR.

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