Ce mercredi 9 août, durant toute l’après-midi, la petite équipe organisatrice de la Journée du Savoir, composée principalement de jeunes étudiants originaires de Tsingoni, a fait preuve d’un professionnalisme maîtrisée de A à Z. Pour cette troisième édition, le public était encore une fois au rendez-vous. Cette journée qui s’impose petit à petit comme un événement phare a su rassembler des personnes de tout âge et de tout horizon afin de sensibiliser à la réussite des étudiants et aux enjeux concernant le développement économique de Mayotte.
Cette journée de rencontres était centrée autour de «la diffusion du savoir, ainsi que la promotion et de l’innovation à Mayotte» avec des discussions, débats et réflexions. Des étudiants sont venus partager leurs expériences personnelles et leurs objectifs en rentrant sur Mayotte, des primo-partants se sont confiés sur les doutes de la vie en métropole, des parents ont discuté sur l’impact d’un mauvais accompagnement familial des jeunes étudiants… Plus qu’une simple journée axée sur l’innovation et la recherche, il s’agissait là d’une véritable opération de sensibilisation envers la jeunesse mahoraise.
La journée a commencé par une conférence-débat sur le sujet de «l’adéquation entre le parcours scolaire et le monde économique à Mayotte». Animée par Nabilou Ali Bacar, le directeur du Conseil Économique, Social et Environnemental de Mayotte (CESEM), elle a fait apparaître deux manquements fondamentaux qui bloquent le développement de Mayotte : une réelle stratégie d’investissement dans les secteurs «porteurs d’avenir» et une réelle stratégie éducative «de ciblage des besoins en terme d’emploi».
Favoriser les filières d’excellence
Un membre de la DPSU a ensuite pris la parole. Il a expliqué que la priorisation des besoins en termes d’emploi était en cours, notamment à travers la nouvelle politique qu’adoptera le conseil départemental dans l’attribution des compléments de bourse.
En effet, la COBA (Commission d’Octroi des Bourses) travaille actuellement sur une révision de son règlement et de sa stratégie globale. Le budget annuel de l’instance «varie entre 12 et 14 millions d’euro» et ne baissera pas. Pour autant, compte tenu de la structure de la pyramide des âges à Mayotte, il est évident que le nombre de demandeurs devrait aller crescendo. Il faudra donc «financer mieux pour avoir de meilleurs résultats». Ainsi, certains étudiants se verront favoriser en fonction de leurs filières d’enseignement.
Des secteurs qui recrutent et des talents cachés
Dans cette politique de priorisation, trois groupes de filières ont été dégagés. À partir de la rentrée 2018, les étudiants en médecine (et filières assimilées), classes préparatoires et grandes écoles se verront aider davantage que les autres filières car ils appartiendront aux secteurs «qui forment les travailleurs dont le territoire a besoin. Il nous faut des cadres diplômés, innovants mais également des médecins, sages-femmes, infirmières… »
Le second groupe d’étudiants sera alors «celui des filières courtes de BTS et DUT, parce que nous savons que les étudiants mahorais y sont mieux encadrés et réussissent plus facilement». Le troisième groupe rassemblera ensuite les certaines filières des facultés.
Pour le développement de Mayotte
Après plusieurs questions ciblant le côté « injuste » de cette séparation, l’agent de la DPSU précisa « il ne s’agit pas d’abandonner certains étudiants. Ils toucheront tous les compléments de bourse. Il s’agit simplement de financer plus ou mieux certaines filières très couteuses pour que nos talents ne soient pas stoppés par des problèmes financiers».
Pousser les étudiants à se lancer dans les filières de haut niveau, encourager les jeunes entrepreneurs innovateurs, redonner confiance à la jeunesse porteuse d’idées neuves et modernes… cette journée s’est achevée sous le signe de l’espoir car «la jeunesse d’aujourd’hui fera le développement de demain», expliquait la mère d’un étudiant en médecine.
Ludivine Ali
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