«La direction de Total Mayotte se trompe de siècle et de méthode». Au lendemain de l’intervention de la gendarmerie au dépôt Total de Longoni, le syndicat Force ouvrière (FO) publie un communiqué pour dénoncer ce qu’il considère comme un dérapage de la direction de l’entreprise.
«Après avoir fait interpeller le délégué syndicat FO dans l’après-midi, le DG accompagne les forces de l’ordre dans l’intervention du dépôt de Longoni où les grévistes ont été séquestrés illégalement pendant plus de 3 heures et empêchant, entre autres, les mères de famille de rentrer chez elles», écrit le syndicat. «Le directeur de Total Mayotte se trompe de statut et de responsabilité car il a accompagné les gendarmes mobiles déguisé en militaire», affirme également FO.
Au moment où les discussions sont dans l’impasse et où la population se montre de plus en plus hostile à cette grève, le syndicat semble comprendre que cette intervention des gendarmes pourrait être de nature à faire reculer la mobilisation. «Vous être grévistes, vous êtes solidaires, vous êtes motivés, vous êtes une des richesses du groupe Total Mayotte: ne changez rien», se sent-il obligé de préciser.
Jouer la carte des négociations
On ne sait pas encore si l’engagement de la gendarmerie va changer le cours du conflit. Mais du côté de la préfecture, il semble que la nécessité de préserver la continuité des services publics, et en particuliers des services d’urgence, et redonner un peu de carburant à une économie au bord de l’asphyxie, aient été déterminants. Ce samedi soir, la décision a donc été prise de faire sortir les six camions qui étaient bloqués dans la zone Total de Longoni depuis plus d’une semaine. L’objectif de l’opération était de permettre le ravitaillement des stations-services mais aussi des barges, des services de transport et de certaines entreprises.
Du côté des stations, même si les files d’attente sont encore impressionnantes ce dimanche, les cuves ont tout de même été remplies. Ce n’était plus possible avant l’intervention des gendarmes: ce samedi par exemple, seulement deux camions-citernes étaient accessibles et pouvaient ravitailler les stations, l’un contenant 16m3 et le second seulement 6m3.
Enfin, concernant le volet négociations, les discussions doivent donc reprendre ce lundi matin. Dans l’état actuel des choses, la préfecture semble continuer de choisir la carte des échanges, alors que le préfet pourrait réquisitionner la totalité du personnel de l’entreprise. Si c’est le respect des dispositions du code du travail qui est encore privilégié, il faudra donc que syndicats et direction parviennent à avancer les uns vers les autres pour trouver une issue à ce conflit dont les conséquences pourraient prendre des proportions inédites.
PM
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