Début et fin du mois de ramadan, Aïd-el-Fitr, Aïd-el-Kebir… Chaque année, les dates énoncées par le bureau du Grand Cadi autour de ces événements capitaux pour les musulmans suscitent des interrogations voire des polémiques. Parmi les questions récurrentes: pourquoi Mayotte est-elle toujours en décalage par rapport aux autres territoires? Comment se fait-il qu’ailleurs, l’on puisse calculer et annoncer des semaines, des mois à l’avance, ces dates primordiales pour les musulmans du monde entier?
Face à cette nouvelle polémique naissante, le Grand Cadi et son équipe répondent très sereinement: «L’Aïd-el-Kebir sera également célébrée samedi aux Comores et à La Réunion. Nous entendons les remarques, certes, mais nous n’allons pas regarder un calendrier pour autant. La lune a été aperçue mercredi dernier à Mayotte. Conformément à notre religion, nous célébrerons l’Aïd, dix jours plus tard. Il est normal que la date du jour d’Anrafa ne soit pas la même, selon l’endroit où l’on se trouve. En attendant, l’islam préconise qu’il y ait une autorité religieuse. Nous devons nous référer à lui. Nous avons hérité cela du prophète.»
L’apparition de la lune
Dans son bureau, le Grand Cadi de Mayotte va plus loin, lisant une note du cheikh Mouhammad Ibn Salih Al’Outhaymine, parue il y a plusieurs années. Le mufti (religieux qui a l’autorité d’émettre des avis juridiques) à qui on avait posé la question sur la possibilité d’une divergence de date concernant le jour d’Anrafa, avait répondu de manière très claire: «l’apparition de la lune diffère selon les contrées. Par exemple, si la lune est apparue à La Mecque -nous sommes alors arrivés au neuvième jour-, tandis qu’elle a été vue un jour avant dans un autre pays, alors ce jour qui correspond à Arafa (pour nous) sera le dixième jour pour eux. Il leur sera donc interdit de jeûner ce jour, car il correspond au jour de l’Aïd. De même, l’apparition de la lune a pris du retard à La Mecque. Ainsi, le neuvième jour à La Mecque correspondra au huitième jour dans l’autre pays. Ils jeûneront donc le neuvième jour qui correspondra au dixième jour à La Mecque».
Fort de cette légitimation, Younoussa Abaine, directeur de la médiation et la cohésion sociale affirme accepter néanmoins les divergences d’opinions: «l’islam le tolère. Nous en connaissons depuis longtemps. C’est grâce aux divergences que l’on va plus loin dans la vérité, mais il faut que cela se fasse dans le respect de notre autorité religieuse”.
Ainsi cette année, l’Aïd-el-Kebir aura lieu samedi, ce qui correspond donc au 10eme jour du mois de Dhul-Hijja, mois sacré du pèlerinage.
Abby Saïd Adinani
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