Une nouvelle réserve naturelle nationale des forêts publiques va voir le jour. L’annonce a été faite par Annick Girardin a fait cette annonce à la suite de sa visite sur le site des ressources forestières du Conseil Départemental de Mayotte. Six massifs forestiers sont concernés. Une annonce qui a été saluée par le président du Conseil Départemental: «la réserve naturelle nationale s’ajoute au plan de gestion des espaces naturels sensibles et au schéma de cohérence écologique, et nous espérons un classement du lagon au patrimoine mondial de l’UNESCO.»
Le lagon et la forêt sont deux écosystèmes étroitement liés pour la ministre des Outre-mer: «le lagon est menacé par un manque de préservation de la forêt. C’est un tout. Ce territoire doit être pensé globalement, dans tous les sujets. Le lagon ne survivra pas si l’on ne travaille pas sur la question de la forêt». Une allocution qui est survenue sur le site de Coconi, après qu’elle se soit entretenue avec les représentants du projet du pôle d’excellence rural, les différentes associations environnementales de l’île, mais également les exploitants agricoles, tous désireux de sensibiliser la ministre aux nombreuses problématiques rencontrées sur le territoire.
«Les forêts départementales représentent une superficie de 4.500 hectares», explique Jeannette Lartigue, responsable des services des ressources forestières du Département. «Elles sont menacées par l’augmentation de l’urbanisation et des infractions au code forestier, et par le fait que les forêts ne bénéficient pas d’un statut fort de protection. Cette annonce, nous en avions besoin». Le service qui s’occupe des missions de police forestière, de reboisements ou encore de la restauration de milieux importants en termes de biodiversité ne compte pas s’arrêter à cette annonce. Une étude va être lancée en septembre pour mettre en place un schéma d’organisation pour faire du site de Coconi, un parc où les espèces botaniques de Mayotte seront conservées et où le public pourra également venir se reposer. Pour le moment sur les six hectares du site, seuls deux sont aménagés.
Le spectre de la crise de l’eau
Cette création de réserve naturelle est également une réponse apportée à la crise de l’eau qui a touché Mayotte il y a quelques mois. «La question de l’eau est globale, a souligné Annick Girardin. La question de la forêt l’est aussi. Il y a eu des réponses d’urgence, maintenant on construit les réponses sur le long terme. La forêt est au cœur de Mayotte et de son avenir. On peut parler d’eau, on peut parler d’une nouvelle filière bois, de la protection du lagon à partir de cette forêt».
Plus tard, la ministre a assisté à la signature d’une convention entre le Syndicat Intercommunal des eaux et assainissement de Mayotte (SIEAM) et l’Agence française de développement (AFD). C’est un chèque de 2,5 millions d’euros que signe ainsi l’AFD. La signature a eu lieu devant une vingtaine d’invités, issus du monde politique, économique et social. Annick Girardin a alors rappelé l’engagement de l’État face à la crise. «D’ici la fin de l’année, 17,3 millions d’euros du plan eau seront engagés pour sécuriser et augmenter la ressource en eau avant l’entame de la prochaine saison des pluies. Ce plan eau prévoit en détail des investissements pour un montant total de 42,2 millions d’euros jusqu’en 2021».
Ont été rappelées également les mesures en cours de réalisation, telles que l’interconnexion des retenues de Combani et de Dzoumogné ou encore l’extension de l’usine dessalement. La troisième retenue collinaire et la deuxième usine de dessalement sont quant à elles prévues pour 2020.
“On est encore loin du compte”
Un peu plus tard dans l’après-midi, c’est 20 millions d’euros qui ont été annoncés, en plus de ceux déjà débloqués par l’ancienne ministre des Outre-mer, afin d’aider les communes dans la construction et la rénovation des écoles, cette année.
Malgré ces annonces, le ton reste mesuré du côté des politiques, et notamment de Mansour Kamardine… qui n’oublie pas qu’il ne fait pas partie de la majorité: «il faut un début à tout, et c’est un début. Quand on voit les difficultés que l’on connaît, il faut prendre tout ce qu’on nous donne, même si on aurait aimé que ça aille plus loin».
Sur la question des 120 millions donnés au Département pour compenser le transfert de la compétence de la PMI, le député est ferme et catégorique: «elle est venue rembourser cette dette. Il reste encore 132 millions de dettes de dépenses, notamment de transferts de charges que l’Etat doit porter, et qu’au final, il ne fait pas encore. L’Etat était débiteur du Département de quelque 252 millions d’euros… Donc, oui, il y a eu un effort qui a été fait, mais le compte n’y est pas».
En attendant, la ministre, elle, poursuit son marathon. Elle doit encore rencontrer les différents services des forces de l’ordre ce samedi.
Abby Saïd Adinani
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