Après le flottement qu’a provoqué le départ de l’ancien leader de la CFDT, c’est un petit homme, Balahache Ousseni qui a pris les rênes du syndicat à Mayotte. « Nous nous sommes aperçus que les élus syndicaux n’étaient pas formés, que l’on n’avait jamais pensé à les accompagner, avec les risques de conflits sociaux que cela peut engendrer, explique Tsigoy Salimini, Chargé de l’organisation de l’Union départementale de la CFDT Mayotte, Balahache Ousseni a alors décidé de former tous les élus syndicaux ».
Après 2011, la Direction du Travail avait mis en place des séances de formation pour les syndicalistes, et avait réitéré lorsque s’annonçait le code du travail de droit commun pour le 1er janvier 2018. Les présents se comptaient sur les doigts d’une main.
Les formations ont commencé en 2016, et concernent les délégués syndicaux, les délégués du personnel, les membres du CHSCT, ceux du comité d’entreprise, rebaptisé avec la réforme du code du travail, Comité social et économique.
« L’entreprise n’est pas notre ennemie »
« L’objectif numéro un du syndicaliste, c’est de protéger et conserver les emplois et non pas de provoquer des licenciements »… toute similitude avec des situations connues n’est pas fortuite. « Après, vient l’amélioration des conditions de travail ».
En août, ils étaient 17 à suivre la formation, représentatifs du tissu économique, « deux ou trois élus par branche, comme le BTP ou le commerce », sur un thème précis : « Nous préparons les ambassadeurs du lien social, des gens capables de comprendre, de peser le pour et le contre, capables de négocier. Car il faut défendre le salarié, mais en pensant à l’entreprise. Ce n’est pas notre ennemie, c’est elle qui pourvoit aux emplois. » Un vocabulaire révolutionnaire !
La passion du droit, ça ne se commande pas
Une formation dispensée par deux formateurs spécialisés d’un cabinet extérieur, l’un en négociation syndicale, l’autre en droit juridique et en droit social, et financée notamment par des fonds de la centrale nationale. Elle porte aussi sur le droit commun, et la mise en place au 1er janvier 2018 du code du travail à Mayotte, « 2018, c’est demain. Il faut se préparer ».
Tsigoy Salimini a déjà suivi 3 fois cette formation qui se tient sur toute la semaine, de 7h30 à 16h, « en réalité, ils finissent une heure plus tard tant ils montrent de l’intérêt, les formateurs les obligent à partir ! »
Pour illustrer cette nouvelle ligne de conduite maison, il donne en exemple une avancée majeure « obtenue grâce à la CFDT » : « Nous avons réduit de 9 à 6 mois le délai d’ouverture des droits pour un salarié qui vient d’être licencié, c’est 4 mois en métropole. Pour l’obtenir, nous n’avons pas fait grève, nous avons simplement frappé aux bonnes portes ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte