Pour réussir votre msindzano, il vous faut un beau morceau de bois de santal, que vous allez frotter longuement sur un petit plateau de corail, appelé tabouret, humidifié. Mais le volume de corail prélevé, plus exactement le poritès, est conséquent, relève le Parc Naturel marin de Mayotte, qui s’est lancé en 2016 dans la recherche d’un matériau de substitution.
« Chaque femme achète au cours de sa vie entre 2 à 3 tabourets, il fallait trouver une alternative durable au corail », commente Cécile Perron, Directrice du PNM. Il s’agissait pour les membres du comité de gestion réunis ce jeudi matin, d’approuver la solution retenue, « celle d’un tabouret en céramique ».
Commande a donc été passée à une entreprise spécialisée dans la conception d’os en céramique pour des besoins médicaux en métropole. Le plateau ressemble à celui qui était fabriqué dans le corail, avec sa particularité abrasive pour retenir les particules de santal et ainsi orner le visage de ce masque blanc-cassé ou jaune dont se pare les Mahoraises.
Casser le prix pour ne pas casser les coraux
Ce sont elles d’ailleurs qui l’ont testé en métropole, avant de faire venir le prototype à Mayotte. Et d’en assurer une démonstration face à la presse. Avec moyennement de réussite, le bois ayant du mal à se fondre dans le décor de la céramique. Mais Zaliata Saindou, membre du conseil de gestion en sa qualité de présidente de l’association des pêcheuses au djarifa (voile), veut y croire : « Il faut faire comme pour le corail, et mouiller davantage le tabouret ».
Il faut aussi réduire de 200 fois le prix… « Le prototype a couté 7.000 euros, quand le prix des plateaux oscille en fonction de la taille, de 10 à 30 euros », explique Cécile Perron. Mais pour elle, le jeu en vaut la chandelle, « le poritès ne pousse que d’un centimètre par an, il est donc impossible de le cultiver. »
Si les coraux Mahorais ont présenté une « bonne résilience » au réchauffement constaté l’année dernière, « et notamment le poritès dont la résistance incite à la préservation », il ne faut pas tirer sur la corde.
Le Parc marin a proposé une solution, son job s’arrête quasiment là. La commercialisation est à trouver, sur un marché conséquent. A une seule condition, que les Mahoraises adhèrent et se voient belles en leur miroir…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte