Difficile pour les Interco de se mettre au tourisme : « Il n’y a pas de culture touristique à Mayotte »

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Saïd Salim, vice-président de l’intercommunalité de Petite Terre
Saïd Salim, vice-président de l’intercommunalité de Petite Terre, évoque des « packages » terre-lagon

Depuis le 1er janvier 2017, la Nouvelle Organisation Territoriale de la République (loi NOTRe), transfère la compétence du tourisme du Département vers les communautés de communes. Le Comité Départemental de Tourisme de Mayotte (CDTM), a sauté sur l’occasion pour en faire le thème de cette 6ème édition du Salon, « Tourisme des territoires ».

Un transfert un peu rapide pour des Interco naissantes, ou même qui ne se sont pas encore créées… A l’image de celle du nord, qui devrait être dissoute au 31 décembre 2017 faute de fonctionnement, et dans le but affiché d’en redessiner un périmètre qui exclurait Koungou. « Nous n’aurons alors qu’à financer des projets déjà couchés sur le papier », nous indique le maire de Mtsamboro, Harouna Colo. Nous avons réussi à avoir d’informations des élus de la Communauté des communes du Centre et de la CADEMA. Nous avons donc interviewé les représentants des deux Intercommunalités présents au Salon pour connaître leur prévisionnel.

A commencer par la plus ancienne de toutes, la communauté de communes de Petite Terre ayant été la première à se créer, et donc à réfléchir sur la question. Saïd Salim en est le vice-président, chargé du développement économique et du tourisme : « Pour asseoir les bases de cette nouvelle compétence, nous avons prévu de créer un office de tourisme sur Petite Terre dans les prochains mois. »

Un hôtel 5 étoiles à Dzaoudzi

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Les tortues, une des richesses de l’île

Les deux communes de Pamandzi et de Dzaoudzi Labattoir sont en première ligne en matière d’accueil des touristes en provenance de l’aéroport, « or les infrastructures hôtelières font défaut, face à une forte demande. » Deux projets sont en cours, et on passe difficilement à Mayotte à côté d’envies d’établissements prestigieux, « un appel à candidatures a été lancé pour un hôtel haut de gamme 5 étoiles à Dzaoudzi », un autre hôtel est envisagé, plus modeste, « un 3 étoiles en bois, mais nous nous heurtons sur ce dossier à un problème de foncier. »

Il déplore une offre touristique désorganisée, « dispersée », « nous réfléchissons à un service à la carte, un package ‘nature-lagon’, pour allier les balades et la mer, on pourra alors seulement commencer à parler de tourisme. Car, contrairement à La Réunion ou à Madagascar, il n’y a pas de culture touristique ici, la population a besoin de percevoir les retombées directes. »

A l’opposée de celle de Petite Terre tant géographiquement que chronologiquement, la petite dernière, l’Interco du sud, a déjà des projets ambitieux malgré une situation encore fragile. Ses atermoiements judiciaires, que l’on espère désormais derrière elle, n’auront permis sa création qu’en juin dernier, lors de l’élection d’Ismaïla Mderemane Saheva, 1er adjoint de Chirongui, à sa tête. Bien que hors délai, la Chambre régionale des comptes a validé le budget, « nous attendons qu’il soit signé par le préfet », explique-t-il au JDM.

Rallier le sud en bateau depuis l’aéroport

Ismaïla Mderemane Saheva
Ismaïla Mderemane Saheva veut développer l’existant et voir plus grand

En attendant, le président développe ses deux idées fortes, dont une novatrice pour le sud. Lui aussi déplore une capacité d’hébergement insuffisante, « les deux établissements phare, le Jardin Mahorais et le Sakouli, ont besoin d’être rénovés pour rétablir un rapport qualité-prix convenable. Je vais voir avec eux quel rôle nous pouvons jouer. »

Le grand projet c’est le développement du transport maritime dans le sud. « Il n’est pas normal que quelqu’un qui habite à 30km de son travail soit obligé de se lever à 4 heures du matin pour commencer à 7 heures. Avec les problèmes de santé, sociaux et environnementaux qui en découlent. »

Il envisage d’implanter des pontons aux côtés de parking surveillés, « pour ne plus mettre 4 heures pour rallier Kani Keli quand on arrive en avion », et une zone économique pour désengorger Majicavo.

Ismaïla Mderemane Saheva se dit conscient des attraits du sud, naturels « comme le mont Bénara, le Choungui, la biodiversité, des tortues à la mangrove, avec un projet de musée itinérant de la mangrove dans une phase pré-opérationnelle », et culturels, « les site historiques, les usines sucrières, la tani malandi (la pierre blanche) », qu’il compte défendre et mettre en valeur.

Le tourisme géré par les élus de proximité permettra à la population de demander plus facilement des comptes sur les avancées à attendre.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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