Des binômes « écoles coranique et Républicaine » demandés…

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Apprentissage de l'écriture dans une madrassa (©MuMa)
Abdoul Karim Ben Saïd appelait à une complémentarité
Abdoul Karim Ben Saïd appelait à une complémentarité

En 1918, un état des lieux était dressé pour évaluer l’importance de l’école coranique à Mayotte. Couvrant l’enseignement primaire et secondaire, elle concernait 670 élèves sur l’ensemble de l’île… C’est aujourd’hui le nombre d’élèves qui y suivent ses cours sur la seule commune de Sada. « On y enseignait les 5 commandements d’Allah, ainsi que les balbutiements de la langues françaises et la discipline », explique Latufat Abdallah Ali, des Archives départementales.

Petite curiosité savoureuse bien Mahoraise, le 22 mars 1947, un arrêté met en place l’enseignement de l’arabe par les instituteurs coraniques « payés par l’administration française », et nous apprenons qu’une dizaine d’entre eux enseignerait encore dans les écoles primaires publiques payés par le conseil départemental !

Avantages et inconvénients de l’enseignement coranique

Là où le conférencier Ben Saïd Abdoul Karim, présent au titre de membre de l’association Ouzouri wa Malezi, veut nous amener, c’est sur une nécessaire complémentarité entre les deux écoles, la coranique et la Républicaine. « Le consensus se fait déjà sur l’Education civique, dispensée dans les deux écoles. »

Il fallait d’abord différencier le Chioni, « lieu du livre », où se lit et se recopie le Coran, et la madrassa, « école », plus moderne, où se chantent des louanges, et s’enseignent l’histoire du Prophète et la langue arabe. » Le conférencier pèse le pour et (moins) le contre de cet enseignement où on psalmodie le Coran, « où l’on était aussi amené à effectuer des tâches ménagères, mais parfois au prix de sévices corporels, et d’un enseignement basé sur la répétition ». Une méthode qui « forgeait l’individu », « un outil d’éducation populaire », explique-t-il. La délinquance naîtrait, dit-on, de cette perte de rigueur et de repères chez les jeunes.

Un convention avec l’Education nationale ?

Apprentissage de l'écriture dans une madrassa (©MuMa)
Apprentissage de l’écriture dans une madrassa (©MuMa)

Les 750 élèves inscrits dans les deux madrassas de Sada, creuset de la religion à Mayotte, montre l’importance que revêt cette éducation, « gérée par des associations ». Les horaires sont pensés pour ne plus écraser les enfants de fatigue, selon lui, « définis en concertation avec les parents. »

Le pont pourrait être jeté sur les activités périscolaires chères à la réforme des rythmes scolaires, « tout au long de l’année, l’instruction publique est valorisée avec à l’issue, une remise de cadeaux pour les bacheliers, et à la fin de l’année les madjiliss restituent l’apprentissage lors d’un rassemblement. » Découverte des îlots de sable blanc, du Mont Choungui, sensibilisation à l’eau potable… les loisirs sur fond de sensibilisation, ne sont pas oubliés.

Aussi, Ben Saïd Abdoul Karim invite l’Education nationale, absente du Forum, à être « moins crispée » : « Pourquoi ne pas conventionner ces madrassas sur des compétences que l’Education nationale n’exerce plus, et qui évite de laisser les enfants trainer dans la rue. Ça aussi, ça participe à la réussite scolaire. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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