La drogue était « plus forte que le chimique » et son trafic devait « inonder Mayotte ». Mais la vigilance d’une maman a tué dans l’oeuf le projet lucratif de son fils mineur, et de ses acolytes. Une vigilance nécessaire, et qui a évité à son fils et à ses amis de finir devant une cour d’assises. Le trafic de drogue en bande organisée est en effet un crime.
L’histoire se passe sur Petite Terre, en 2014. Le 10 avril, la maman d’un adolescent découvre dans ses affaires un sachet contenant 80 grammes de cannabis. Une quantité non négligeable. Sans doute aussi furieuse qu’inquiète à l’endroit de son fils, elle l’emmène tout droit à la gendarmerie, où le mineur est placé en garde à vue. L’histoire aurait pu en rester là, mais le jeune homme commence à donner des informations qui inquiètent au plus haut point les enquêteurs. Au fil de ses auditions, il explique être associé à plusieurs majeurs, dont un professeur d’anglais et un moniteur de rugby qui ont depuis quitté Mayotte. Tous se connaissaient pour leur consommation régulière de bangué. Ensemble, ils avaient le projet d’un vaste trafic de drogue qui devait inonder Mayotte d’une substance « plus forte que le chimique » selon le tribunal. L’un des majeurs s’approvisionnait sur internet, et avait reçu un échantillon d’un cannabinoïde de synthèse, que l’adolescent a essayé… Et approuvé. Ce devait devenir « l’herbe la plus forte de Mayotte ».
» Une start-up du crime »
L’enquête est donc allée vite. Trop vite, puisque les protagonistes ont tous été arrêtés avant même d’avoir pu recevoir le produit qu’ils pensaient revendre. Impossible donc légalement de leur reprocher l’importation ou la revente de ce produit. Impossible aussi de le qualifier de produit stupéfiant, puisque la substance, récente, n’était pas encore répertoriée comme tel. Ils seront donc poursuivis pour usage de cannabis, et pour « provocation à l’usage de substance présentée comme douée d’effet stupéfiant ». Un chef de prévention tout droit sorti du code de la santé publique et passible de 5 ans de prison et 75000€ d’amende. Le projet de trafic ayant été avorté, le procureur a requis contre les adultes 3 mois avec sursis et 1000€d’amende pour ceux qui ont mis l’ado en contact avec la drogue de synthèse, et 600€ d’amende pour les autres consommateurs de bangué.
« Cette affaire, c’est une montagne qui accouche d’une souris. On a une start-up du crime qui promet d’inonder le marché avec un produit plus fort que la chimique. On a ces 5 personnes qui décident de faire du profit au détriment de la santé publique. Mais la start-up est tuée dans l’oeuf par la maman ».
Le mineur a quant à lui d’ors et déjà été condamné par le tribunal pour enfant.
Y.D.