« Encore une ! », serait-on tenté de dire. Naturellement, impossible d’avoir l’authentification de cette feuille de route publiée par africaintelligence.fr, de la part du quai d’Orsay malgré nos demandes.
A une faute de frappe prés à la première ligne, qui nous incite à la prudence « finalisation de la procédure de ratification la convention d’entraide », cela pourrait être une version proche du document final. La députée Ramlati Ali nous le confirme, elle qui a consulté le document au ministère des Affaires étrangères.
Que dit-il ? On peut y lire que la gratuité du visa prendra effet « à compter du 1er octobre 2017 », et que des visas de circulation seront alloués aux « officiels comoriens, opérateurs économiques et culturels, et responsables religieux ». Une gratuité de visa qui soulève les foules à Mayotte, à tort selon l’aveu de la ministre des outre-mer, qui martèle que « l’Etat français n’a aucunement l’intention de remettre en cause l’ancrage et l’appartenance de Mayotte à la France. »
Quelles garanties ?
D’autre part, les visas de circulation seront remis « aux ressortissants comoriens ayant déjà effectué plusieurs allers-retours entre les Comores et Mayotte » (officiels s’entend !) en s’assurant « des garanties de son retour ».
De leurs côtés, les dirigeants comoriens s’engagent à ratifier « la convention d’entraide judiciaire en matière pénale, signée en février 2014 », et à « adhérer au Protocole de trafic illicite de migrants sur terre, mer et air de la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale ».
Outre la mise en cause éventuelle pour « trafic d’être humain », la reconnaissance de trafic de migrants, signifie celle implicite des frontières et donc de la nationalité française de Mayotte, de la part des comoriens. Une révolution en soi, un tour de force qu’ont obtenu les autorités françaises. Reste à savoir avec quelle rigueur les contrôles seront appliqués de leur côté…
Le flou sur les indicateurs
L’incertitude pèse sur plusieurs points et c’est ce que devront préciser les élus mahorais le 28 septembre. Si la France met à disposition des autorités comoriennes un expert affecté auprès du ministère des Affaires étrangères comorien, on ne sait pas quel sera son poids politique. Et si la montée en puissance de la lutte contre les filières de passeurs se fera au moyen de « patrouilles mixtes de surveillance maritime «, le kwassas et le gazole saisis seront remis aux garde-côtes comoriens ». Avec quelles garanties de destruction ?
Autre chose, les indicateurs de réussite peuvent être sujet à caution. « La baisse constatée d’au moins 20% du nombre de personnes interpellées en situation irrégulière à leur arrivée à Mayotte », pour la 1ère phase, et celles d’ « au moins 40% » dans la 2ème phase de patrouilles mixtes, sont fonction des capacités de lutte allouées à Mayotte. Et la Police aux frontières avait fait part à la ministre Girardin de l’état pitoyable de ses bateaux.
La feuille de route évoque une « maîtrise concertée ». C’est à dire qu’elle suit l’objectif de ce qu’on pourrait appeler une « traçabilité des arrivées », contre l’anarchie actuelle.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte