Avec la réélection du sénateur Thani Mohamed Soilihi, c’est Mayotte qui sort vainqueur. Pour au moins deux raisons. A l’actif de son mandat, le sénateur aura réussi à fédérer des groupes multipartites de sénateurs sur des problématiques mahoraises, comme le grand chantier sur le foncier, et a réussi le tour de force de faire passer des amendements dans des situations critiques, on l’a vu pour la baisse de la valeur locative. En le maintenant dans son fauteuil, lui qui a compris que la réussite est au bout des réseaux, on peut espérer de nouvelles avancées.
Mais surtout, le « tu as mangé, tu sors », n’a pas fonctionné. La compétence est pour cette fois, la condition nécessaire et suffisante d’une réélection, là où elle n’était qu’accessoire auparavant. De là à en déduire qu’une page s’est tournée, il y a quasiment un grand écart, mais c’est un signe encourageant.
La machine MDM
A la lecture des résultats à midi, le sénateur sortant a du pousser un gros « ouf ! ». S’il ne lui manquait que 20 voix pour faire un « one shot » au 1er tour, son avance confortable l’assurait d’un report des voix des grands électeurs. « En effet, toute mon équipe y croyait en raison du gros travail abattu », confiait-il au JDM. Aussitôt son score de 54,45% publié, il nous expliquait être submergé par à la fois de « la joie, de la fierté et une grande émotion ».
On peut le comprendre à l’aulne de la tempête qu’a suscité la feuille de route franco-comorienne qui aurait pu rebattre les cartes. Une réussite qu’il met sur le compte du « travail effectué et des comptes rendus adressés régulièrement aux grands électeurs. Mais je sais que ce n’est pas gratuit, et je compte me remettre au travail parlementaire le plus rapidement possible ». C’est un élu de plus pour La République en Marche qui a perdu des sénateurs dans cette élection.
Thani et les autres
Il y avait donc Thani, et les autres. Si Saïd Omar Oili était donné favori, le président de l’association des maires s’est heurté à la machine MDM, Mouvement pour le Développement de Mayotte, qui voulait son grand élu, et c’est Hassani Abdallah qui l’a remporté avec 44,69%. L’ancien maire de Mamoudzou donnait ses priorités, « l’éducation, le foncier et les retraites. »
Pour Thani Mohamed c’est un partenaire avec lequel il se dit ravi de travailler: « Il fait partie des candidats avec lequel je comptais travailler, dont notamment Ahmed Soilihi. Ce sont des élus consensuels, qui travaillent dans la collaboration, c’est ce dont Mayotte à besoin »
De son côté Saïd Omar Oili ne veut pas parler de déception : « Comme le disait Mandela, ‘soit je gagne, soit j’apprends’ », mais lâche quand même « c’est Mayotte ! », et explique qu’il y a eu des arrangements, même pire, « il fallait posséder des moyens financiers que je n’avais pas », rajoutant qu’il avait été sollicité par plusieurs conseillers municipaux, « pour que je les aide dans tel ou tel domaine. » Il est heureux d’avoir pu tenir des tribunes devant les élus locaux, « ils ne pourront pas dire ‘je ne savais pas’ ».
Les deux sénateurs seront présents ce lundi avec les manifestants contre les incertitudes générées par la feuille de route franco-comorienne. « Nous avons déjà commencé à préparer la rencontre du 28 septembre au ministère des Outre-mer », conclut Thani Mohamed, avant de remercier tous ceux qui l’ont soutenu, dont Marcel Henri, qui a mouillé sa chemise il y a 3 jours, JeanFrançois Hory, « et ma famille! »
A.P-L.
lejournaldemayotte.com
