Interpellant le premier ministre, et le président de l’Assemblée, le député mahorais Mansour Kamardine rapporte le déploiement massif de la population dans la rue lundi à Mamoudzou, pour justifier sa demande de retrait de la feuille de route, signée par les gouvernements comoriens et français. Il reprend son antienne en guise de mise en garde, « la paix civile est menacée à Mayotte ».
Et dresse pour le coup le tableau du contexte mahorais, sans le noircir : un territoire de 374km2 peuplé de 250.000 habitants, dont 52% de « nationalité étrangère », « étant pour la plupart des clandestins. Aujourd’hui il y a plus d’enfants de parents étrangers scolarisés à Mayotte qu’il n’y a d’enfants français dans nos écoles. Aujourd’hui ils naissent chaque jour plus de 30 enfants dont 75% de mères étrangères, soit une salle de classe par jour. A ce rythme, dans 5 ans, 95% de nos effectifs scolaires seront nés de mères étrangères, alors qu’il manque, déjà, 600 salles de classe. »
Une énumération qui n’a pas du laisser cette assemblée de marbre, « Mes chers collègues, qui parmi nous supporterait cette situation ? »
Trois conditions préalables
C’est dans ce contexte que Mansour Kamardine présente la signature de la feuille de route, « qui modifie, entre autre, les conditions de délivrance du visa d’entrée à Mayotte, et cela en écartant les élus de toute discussion ».
Une feuille de route qu’il n’évoquera qu’à travers la version livrée par le site Africa Intelligence, et dont nous avions repris les principaux points, qu’il énumère devant ses pairs : « Gratuité des visas pour les étrangers en provenance des Comores, délivrance de visas quasi permanents à différentes catégories d’individus qui peuvent représentées des dizaines de milliers de personnes, retour aux Comores des embarcations utilisées par les passeurs de clandestins. »
Nous vous livrons l’intégralité de sa Question d’actualité au gouvernement – Kamardine – Mayotte – 26 septembre 2017, où il évoque trois préalables à toute politique d’assouplissement des visas : « L’arrêt de l’immigration massive, la participation de Mayotte à la Commission de l’Océan Indien et la refonde et l’amplification de notre aide publique au développement dont la triste situation des Comores marque l’échec patent. »
« Pas de tabou »
Il conclut sur une mise en garde : « La colère gronde à Mayotte et les français de Mayotte sont nombreux à être attentifs à nos débats. Ils ont les yeux rivés sur votre réponse. »
En réponse, le gouvernement replace le problème dans son contexte géopolitique, par la voix de Christophe Castaner, son porte-parole, et souhaite un règlement de type « à l’amiable » du conflit : « La France et les Comores sont unies par des relations anciennes, forgées par l’Histoire, et qu’il ne faut pas négliger. NOus avons intérêt à un dialogue et à une coopération entre les deux pays. » Tout en indiquant que l’objectif de la feuille de route était bien la lutte contre le trafics des passeurs.
Dans la même journée, auditionnée par la Délégation outre-mer de l’Assemblée nationale, Annick Girardin s’est exprimée sur la polémique levée par l’évolution de la procédure de délivrance des visas. Selon nos confrères d’Outre-mer 1ère, elle aurait répondu à Mansour Kamardine qui l’interrogeait, que « Il n’y a pas de tabou dans la lutte contre l’immigration illégale à Mayotte. J’accepte un débat sur la question du droit du sol à Mayotte ».
Elle a donné rendez-vous au 28 septembre date à laquelle elle recevra en présence du quai d’Orsay les élus de Mayotte, pour leur donner des précisions sur les mesures prises par le « Haut-conseil paritaire » qui a réuni la semaine dernière les ministres des Affaires étrangères de la France et des Comores.
Anne Perzo-Lafond
Lejournaldemayotte.com