Le public de Pamandzi aura eu une idée de ce qu’est l’attente de la mise en place de la future rénovation urbaine en patientant dans un climat de serre agricole que commencent les discours officiels. Des élèves du collège et du lycée de Pamandzi étaient présents, « les jeunes doivent s’approprier et s’intégrer à leur environnement à venir », nous explique le principal Victor Bakam. Le conseil citoyen, en cours de formalisation, était également présent.
Comme Majicavo Koropa et Kawéni, la Vigie a été retenu comme quartier éligible à la Politique de Rénovation Urbaine (PRU), mais aussi de Contrat de Ruralité.
La période de réflexion avant travaux sera longue, comme l’exige le protocole de préfiguration signé ce mercredi : deux ans jusqu’en mars 2019, pendant lesquels une réflexion populaire et des politiques publiques sera engagée. « Cela peut sembler long, mais les opérations sont lourdes et ambitieuses, il s’agit de la réorganisation d’un quartier de 7.000 à 9.000 habitants », faisait remarquer le préfet Frédéric Veau.
L’Etat est cofinanceur à travers la PRU, du 1,703 million d’euros d’études, avec le conseil départemental, 267.000 euros, et la Caisse des Dépôts et Consignations et la DEAL.
« Un niveau de densité supérieur à l’Ile de France »
A cheval sur les deux communes de Petite Terre, Dzaoudzi Labattoir et Pamandzi, La Vigie a tout d’un territoire oublié. Le tableau qu’en dressait le maire de la première commune et président de l’Interco Petite Terre, Saïd Omar Oili, en porte les stigmates : « 390 habitations n’ont pas accès à l’eau, 368 sont privées d’électricité, 309 sont des habitations de fortune, 53 sont en aléas forts de mouvements de terrain et 445 ne sont pas connectées à un réseau de voirie ».
Il avançait une densité de 4.500 habitant au km2, appuyé par le préfet, « un niveau de densité supérieur à l’Ile de France ». Qui voit entre autre dans ce projet un « moyen pour que La Vigie reste régulée par le droit », alors que la délinquance est croissante, et que Sidi Mohamed, le conseiller départemental, pointait « le fort taux de chômage, le faible niveau d’éducation » d’une population « en grande majorité en situation irrégulière ».
« Un condensé de ce qu’est Mayotte »
L’issue « de cette désespérance de la population », ne passera, pour Saïd Omar Oili que par la cohésion, « on ne pourra résorber les ghettos si l’on reste pas entre soi, il faut mettre en place une politique de mixité sociale ». Il appelait à « ne pas séparer l’humain de l’urbain, et l’urbain de l’emploi ».
Justement, l’urbanisation le partage à la ruralité sur ce projet, « un curieux mélange pour nos esprits cartésiens », ironisait le préfet, qui s’explique par la position de La Vigie à la fois comme carrefour sur l’axe aéroport-Mamoudzou-Koungou et comme proximité des Badamiers et Moya : « Sur 14km2, c’est un condensé de ce qu’est Mayotte ». A la demande de l’intercommunalité, le Contrat de ruralité portera sur l’extension de l’éclairage public.
La signature de ces PRU et Contrat de ruralité engage donc les parties sur la réalisation d’ici deux ans d’un diagnostic, comme le faisait remarquer Nathalie Infante, directrice régionale de la CDC, « pour aboutir ensuite sur des projets de développement économiques viables et structurant ».
« Petite Terre n’est pas un petit Monaco à Mayotte, contrairement à ce qu’affirme certains, mais elle doit demeurer un territoire de référence », concluait Frédéric Veau.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte