D’un côté le Syndicat des Armements réunionnais de palangriers congélateurs regroupant les 6 armements de la place, et de l’autre les Terres australes et antarctiques Françaises (TAAF) qui se portent garantes de la préservation de la ressource dans les Zones Economiques Exclusives (ZEE) des îles Kerguelen et de Crozet.
Le Syndicat demandait l’annulation des nouveaux quotas de pêche, ainsi que l’annulation de l’autorisation de pêche délivrée à un nouvel armement, Réunion Pêche Australe (RPA), pour la campagne de pêche 2016? 2017. Le tribunal administratif a débouté les pêcheurs sur la première requête. Sur la seconde, ils assurent que leur concurrent a été retoqué, alors qu’un courrier des TAAF attribue à RPA des quotas de pêche.
Les enjeux sont importants. La Réunion occupe le second rang mondial en matière de capture légale de légines, ce poisson des eaux froides des mers australes apprécié pour sa chair blanche et fondante, particulièrement des asiatiques, pour sa confection en sushi. Elle fait l’objet d’un braconnage important. A La Réunion, le marché représente 120 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel et 2000 emplois directs et indirects, selon le Journal de l’Ile de La Réunion.
Les prédateurs rodent de tous bords
Mais ce samedi, les TAAF communiquaient sur l’attribution des quotas de la campagne 2017-2018 à travers un arrêté (A-2017-69 Portant répartition en quotas de légine australe dans les ZEE de KER et de CRO 2017-2018). Rappelant les enjeux qu’a induit l’extension de la réserve naturelle des terres australes françaises, en décembre 2016, « un événement marquant dans la mesure où elle dote la France d’une réserve de 672.000 km?, dépassant ainsi la taille de la France hexagonale et plaçant cette aire marine protégée (AMP) parmi les plus grandes du monde. »
Dans un soucis de « gestion raisonnée et durable de la ressource halieutique », les quotas sont définis « en fonction du stock des espèces exploitables et de l’impact sur les écosystèmes avoisinants. » Le 8 août 2017, le Total Admissible de Captures a été fixé à 6.150 tonnes de légines. Il est inférieur de 3% à celui de l’exercice précédent en raison de « la menace pesant sur la ressource du fait de la forte déprédation exercée par les espèces environnantes (orques et cachalots). »
Réunion Pêche Australe inscrit au rôle des TAAF
Dans ce communiqué, on apprend que l’armement Réunion Pêche Australe (RPA), est bien attributaire d’un quota à hauteur de 100 tonnes, une décision « conforme aux règles de gestion de cette pêcherie, règles confortées par les jugements du Tribunal administratif de Saint-Denis du 28 septembre 2017 », soulignent en gras les TAAF. Qui rajoutent que « la licence de pêche correspondant à ce quota sera attribuée à RPA lorsque celui-ci aura démontré sa qualité d’armateur, en conformité également avec le jugement du Tribunal administratif de Saint-Denis. » Désinformation de la part des pêcheurs ou incompréhension ? La guerre de la légine continue à La Réunion.
Les TAAF souhaitent appeler « les différentes pêcheries à fédérer leurs efforts afin de bâtir collectivement des projets au bénéfice de tous les acteurs, particulièrement réunionnais. »