Foetidia comorensis , connue sous le nom vernaculaire Namoulohna, est une espèce unique au monde. découverte en 2006, nommée en 2011, cette variété d’arbre n’existe qu’à un seul endroit sur terre : la plage de M’tsamoudou. Pour tenter de sauver cette variété particulièrement menacée, le conservatoire national botanique organisait ce vendredi matin une opération découverte, avec les écoliers de la commune. « L’intérêt, c’est de préserver une espèce de la disparition de la surface de la terre, explique Sébastien Traclet, chargé de mission au conservatoire botanique. Ca permet aussi de protéger cette zone, car d’autres espèces y sont liées. Les arbres luttent contre l’érosion de la côte. D’autres espèces autour sont aussi endémiques de Mayotte et pourraient être menacées à terme.
En effet, au pied du plus grand Namoulohna de la plage, séparés par une simple barrière en fil de fer, des plants de bananier témoignent de l’extension de l’activité agricole sur cette zone côtière sensible. De plus, l’adhésion de la population à la protection de cette espèce unique n’est pas acquise. « Les habitants demandent qu’on leur démontre l’utilité de l’espèce, poursuit le jeune chargé de mission, qui évoque des recherches en cours sur une éventuelle utilisation pharmacologique de cet arbre. « S’il n’est pas utile, ça peut causer sa perte ».
D’où l’intérêt de faire appel aux enfants, pour leur montrer cette plante, qui a de quoi faire la fierté de leur commune. « Ils peuvent s’approprier cette plante et en devenir des ambassadeurs. Les enfants sont l’avenir de l’environnement » poursuit-il.
« Si vous détruisez cet endroit, l’espèce disparaît, elle n’est que à M’Tsamoudou, insiste le responsable en s’adressant aux enfants. C’est votre rôle de la protéger. «
Dans l’assistance, Michel Charpentier, président des naturalistes, s’apprêtait à mener une conférence à Dembéni le midi-même. Une sorte d’initiation à l’écologie. Il y présentait les ressources renouvelables ou non, les menaces qui pèsent sur les écosystèmes, notamment à Mayotte, et les solutions qui peuvent y être apportées. La première et la plus importante à long terme, c’est la prévention, notamment auprès des enfants. « On fait pas mal d’actions pour mobiliser les jeunes, comme des nettoyages de mangrove, des gestions fictives d’espaces marins ou des sorties en forêt, pour sensibiliser. On n’en fait pas suffisamment, mais on manque de moyens. »
A M’tsamoudou, Waadjidah semble fascinée par cet arbre, qu’elle avait déjà vu sans prendre conscience de sa valeur. « On est venus voir l’arbre car il ne pousse qu’ici, alors il faut le protéger » a bien compris l’écolière , entourée de ses copines de CM1. « Il y a des fruits, mais ils ne se mangent pas, donc ils tombent par terre et il faut les laisser pousser » complète son amie.
Assurément le message est passé. Charge à ces petits messagers de le propager… aux grands.
Yohann DELEU