Ça devient d’un banal ! Les mois se suivent et les degrés supplémentaires se ressemblent à Mayotte cette année. Un peu comme une escalade des prix à la consommation, les températures sont tirées vers le haut : +1,3°C par rapport à la moyenne des mois de septembre depuis 30 ans, et « le plus chaud enregistré depuis que l’on fait des mesures, en 1949 », déclare Bertrand Laviec, directeur de l’antenne locale de Météo France. Nos journées se sont succédées sous 26,2°C en moyenne contre 24,9°C habituellement.
Au mois d’août, nous avions supporté un dépassement de 1,5 degré, au mois de juillet de 1,2 et de 1,3 en juin. Le thermomètre s’emballe depuis 4 mois donc, « même plus puisque le mois de mai était le 2ème plus chaud. » Et ceci, pour le plus grand bonheur du photovoltaïque puisque l’ensoleillement a été 10% plus important que sur la moyenne des 30 dernières années, avec 270h de soleil environ.
La pluviométrie a été en septembre, très disparate en fonction des régions de notre pourtant toute petite île. Les précipitations ont été « supérieures à la moyenne dans le centre de Grande-Terre mais par contre, très inférieures à la moyenne au sud, sur l’extrême nord-ouest ainsi que sur l’extrême est-nord-est. Pamandzi est la localité la plus sèche avec 0%, mais cela arrive très régulièrement en cette saison ».
Le petit doigt de Bertrand Laviec
C’est donc encore une déception pour le remplissage de la retenue collinaire de Dzoumogné, mais pas pour Combani : « Cette localité a été la plus arrosée, de 184% par rapport à la moyenne ».
Ce week-end en revanche, les nuages ont été porteurs de bonne nouvelle, puisqu’il a pas mal plu samedi, dont 16,2mm à Vahibé, non loin de Combani et surtout, 10mm à Mtsamboro, bassin versant de la retenue de Dzoumogné. Mzouazia a été la plus arrosée, avec 25mm, et Pamandzi totalement épargnée, avec un zéro mm pointé, « mais c’est habituel en cette saison », indique monsieur météo Mayotte.
Bertrand Laviec reste inquiet à propos de ce qu’il nomme « un des pires scénarios du changement climatique », avec des eaux plus chaudes, et donc une zone probable de naissance des cyclones plus étendue (cyclogenèse), et son impact sur la banquise. Localement, chaque degré accroit le risque d’évaporation de la ressource, que ce soit depuis les rivières ou les retenues collinaires.
Le profil de la saison cyclonique se dessinera en novembre, mais, faute de grenouille, son petit doigt lui dit qu’elle tend « vers une normalité, au regard des saisons précédentes pauvres en cyclones ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte